Intervention de Dominique Dupagne

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 26 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Dominique duPagne médecin généraliste

Dominique Dupagne :

en est convenu, soulignant qu'à l'occasion de la crise pandémique on était allé de surprise en surprise. Quand ses confrères médecins et lui-même ont voulu se pencher sur les données disponibles relatives à la mortalité imputable à la grippe saisonnière, ils ont constaté que l'estimation annuelle du nombre des décès - entre 5 000 et 7 000 morts -reposait « sur la lecture du marc de café ou des entrailles de poulet ». Il y a eu une seule étude fondée sur de vrais relevés épidémiologiques fournissant des données solides pour les 80 départements français les plus peuplés, qui permet de penser que la réalité se situe plutôt autour de 500 décès annuels, essentiellement de personnes très âgées, la mortalité précoce, au-dessous de 60 ans, ne représentant que quelques dizaines de cas par an. Cela a été aussi un élément de perte de confiance : on s'est aperçu que les chiffres donnés par les autorités sanitaires peuvent être multipliés par 10, par 100, par 1 000...

Le chiffre d'affaires réalisé grâce à la politique de vaccination saisonnière contre la grippe est considérable. Pourquoi n'a-t-on pas exigé des laboratoires qu'ils fournissent à l'appui de cette démarche des travaux épidémiologiques solides, qu'ils auraient financés comme ils financent les travaux tendant à démontrer l'efficacité des médicaments qu'ils produisent. Mais les autorités de santé publique étaient favorables à la vaccination et, si une cause est jugée bonne, on peut dire n'importe quoi pour la défendre : M. Dominique Dupagne a indiqué à ce propos que lorsqu'il a voulu discuter l'estimation fantaisiste des décès dus à la rougeole, on lui a répondu qu'elle appuyait l'intérêt de la vaccination. Mais si les adversaires de la vaccination découvrent que ce chiffre est faux, c'est tout l'édifice scientifique qui s'écroule. Il est personnellement favorable à la vaccination contre la rougeole, mais ce n'est pas parce qu'une cause est bonne que l'on peut dire n'importe quoi.

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