s'est félicitée de pouvoir s'exprimer à nouveau devant la commission d'enquête, au terme de ses auditions.
Lors de sa première audition, elle avait tenu à présenter les valeurs qui l'avaient animée face à une menace sanitaire potentiellement grave et chargée d'incertitude.
Elle s'est dite convaincue qu'au terme de ses travaux la commission d'enquête avait à coeur de tirer des enseignements de cette pandémie et qu'elle entendrait faire des propositions concrètes, notamment pour rendre plus opérationnels, plus efficaces et plus impartiaux les avis d'experts qui sont le socle de la prise de décision des gouvernants.
Face à la pandémie grippale, la France avait l'impérieux devoir de se préparer. Nous ne partions pas de rien. Des menaces comme la grippe aviaire ou le SRAS étaient apparues et, sous l'impulsion de l'OMS, la France avait accompli un important travail de préparation dans les domaines de la veille sanitaire, de l'expertise, de la planification. Un plan national de prévention et de lutte contre la pandémie grippale avait été élaboré et sans cesse ajusté, gagnant en adaptabilité, prenant en compte, au-delà du sanitaire, les nécessités de la solidarité et de la continuité de la vie sociale.
Ce plan a, certes, été la première victime du virus H1N1, parce que les menaces ne prennent jamais la forme que l'on attend. On craignait un virus aviaire, virulent, venu d'Asie, il a été porcin, contagieux, venu d'Amérique. Nous étions préparés au pire et il ne s'est pas produit, même s'il ne faut pas oublier les centaines de familles endeuillées.
Etions-nous trop préparés, enfermés dans un scénario trop pessimiste, éloigné de la réalité de la menace telle qu'elle s'est concrétisée ? Les responsables politiques ont une obligation de préparation, comme tous les autres Etats comparables l'ont fait. On reproche parfois au pouvoir politique de n'en avoir pas fait assez. Ainsi, la mission d'information sénatoriale sur la canicule de 2003 avait eu des mots très durs : « la réponse de la société française a été tardive, insuffisante, inadaptée, désordonnée » ; la commission d'enquête de l'Assemblée nationale avait quant à elle parlé d'une gestion empirique, d'une crise subie. La menace H1N1 a été mieux gérée grâce à d'intenses efforts de préparation qui ont permis de mobiliser tous les acteurs, de détecter la menace, de déclencher les mesures adaptées.
Le plan n'a pas été appliqué aveuglément. Il a été utilisé quand c'était nécessaire : ainsi, nous ne sommes jamais passés à la phase 6, tenant compte de la réalité de la menace, modérée. L'on n'a pas appliqué un modèle, préférant sans cesse l'adapter. Le plan se présente comme un outil opérationnel fondé sur des mesures applicables en fonction de la situation concrète. C'est ce qui a été fait.
La gravité d'une pandémie ne tient pas seulement à la virulence d'un virus, mais à la confrontation de celle-ci à la préparation d'un système de soins. Il fallait se prémunir de l'incertitude sur la gravité en proposant la vaccination à tous, et préparer notre système de soins.
Il ne faut donc pas balayer le plan pandémie d'un revers de main. Le virus H5N1 n'a pas disparu ; il était considéré comme une menace crédible hier et le redeviendra peut-être. Le 11 juin 2009, l'OMS a déclaré une pandémie « mild », c'est-à-dire d'une virulence modérée, mais la mutation du virus restait possible, l'acquisition de facteurs de virulence, de résistance, de contagiosité. Il y avait un moyen de prévention : la vaccination.
Il fallait permettre à chacun de se protéger : 94 millions de doses ont été acquises, compte tenu d'un schéma vaccinal à deux doses et de ce que l'on pouvait augurer de l'adhésion à la vaccination.
a souligné qu'elle avait été attentive à l'expérience de l'hémisphère sud ; les indications ont été contrastées mais, malgré un taux d'attaque modéré, des structures de soins intensifs ont été au bord de la rupture en Australie. En novembre, le virus a muté en Norvège, provoquant des formes graves. L'on ignorait si ce virus mutant deviendrait transmissible. Il n'y avait pas de quoi être rassuré.
Ce n'est qu'une fois le pic pandémique atteint, en décembre, que l'on a su que la morbidité et la létalité seraient modérées : elle a alors allégé le dispositif de vaccination et résilié plus de la moitié des commandes de vaccins.