Intervention de Christian Perronne

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 2 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Christian Perronne président de la commission spécialisée maladies transmissibles du haut conseil de la santé publique

Christian Perronne :

a ensuite évoqué la question des « délires antivaccinaux » sur internet, qui étaient incontrôlables et ingérables sur le plan médiatique. Certains affirmaient que le vaccin contenait un poison, alors que les adjuvants étaient des substances lipidiques anodines. Des e-mails ont été adressés aux syndicats d'infirmiers pour les avertir que les professionnels serviraient de cobayes pour un vaccin insuffisamment étudié. Il a relevé que, dans son service, tous les médecins étaient vaccinés, mais seulement une minorité des infirmières. On a même parlé du syndrome de Guillain-Barré. Cependant, cet extrémisme antivaccinal a finalement été contreproductif et la confiance des Français dans les vaccins ne semble pas entamée. C'est heureux, car les réticences à l'égard des vaccins peuvent être parfois justifiées mais la vaccination reste tout de même, historiquement, l'une des actions de santé publique les plus efficaces.

Il a souligné que la pédagogie et les mesures d'hygiène ont joué un rôle significatif, au point qu'il y a eu cette année moins de cas de grippe saisonnière. En Ukraine, au début de l'épidémie, on a déploré le décès de nombreux médecins et infirmiers, faute de Tamiflu mais aussi faute d'hygiène. C'est la première fois que les recommandations ont aussi fortement porté sur les mesures de prévention.

Il a estimé que le Tamiflu, dont on a dit qu'il ne servait à rien, est utile s'il est administré sous 48 heures après l'apparition des symptômes. Mais on ne dispose pas pour la grippe de test de diagnostic rapide, ce qui explique la réticence à prescrire habituellement du Tamiflu. Il a rappelé les conditions dans lesquelles son usage avait été recommandé : au début de la pandémie, on a freiné l'utilisation de ce médicament car il ne fallait pas le prescrire n'importe comment et épuiser le stock pour soigner des rhumes. Mais lorsque le pic de l'épidémie a été atteint, fin novembre, le Tamiflu a été recommandé pour tous les cas de fièvre ou de toux. Ce n'était pas un revirement : au moment du pic, neuf patients sur dix présentant ces symptômes étaient bien atteints par la grippe A. Pour l'usage prophylactique, on a été très prudent, à la différence des Anglais, afin de ne pas favoriser l'apparition de résistance du virus. Il fallait réserver l'usage préventif aux personnes à risques.

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