Intervention de Marc Gentilini

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 5 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Le Professeur marc gentilini professeur émérite des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la pitié-salpétrière président honoraire et membre de l'académie de médecine membre du conseil économique social et environnemental

Marc Gentilini :

a dit connaître les prises de position du directeur de l'Ecole des Hautes Etudes en santé publique (EHESP), homme très brillant, qui devrait rappeler le nombre de morts qu'il avait annoncé avant de dire que la grippe n'a pas été aussi grave que prévu. Il avait été prévu que la grippe serait grave, mais on ne sait plus par qui. On ne peut pas imaginer que c'est la ministre de la santé qui prévoit toute seule la gravité d'une épidémie de grippe. Peut-être faut-il se demander pourquoi son directeur de cabinet a disparu.

Mais il faut aller plus loin, et il faudrait que ceux qui reconnaissent leur erreur disent pourquoi ils ne l'on pas reconnue plus tôt, quand on aurait pu freiner les achats, tempérer certaines mesures. Il faudrait aussi qu'ils disent qu'ils ne recommenceront pas mais cela, on ne l'entend pas. On entend plutôt qu'il faudrait tout de suite prévoir un plan pour la grippe d'automne. M. Marc Gentilini a rappelé qu'il avait évoqué dans une autre enceinte la différence entre les grand virus et les petits virus. Les virologues qui travaillent sur les premiers - le sida, Ebola, la fièvre de Lassa, le chikungunya - sont considérés comme de grands virologues. Ceux qui s'occupent de la grippe saisonnière annuelle, à répétition, on n'en parle pas. La grippe saisonnière est à l'origine de 5 000 décès par an, beaucoup plus que la grippe H1N1, mais cela paraît peu parce que ce sont plutôt des « vieux » qui meurent, alors on trouve que c'est dans la nature des choses. Mais ce n'est pas une raison pour courir vers une répétition de la mise en scène de la pandémie à l'automne prochain.

a estimé qu'il serait impardonnable de ne pas tenir de compte des deux ratés qu'ont été la grippe H1N1 et, avant elle, la grippe annoncée H5N1, qui devait causer 500 000 morts et qui avait déjà mobilisé tout le monde pour rien. Il n'est pas loyal de matraquer notre société, assaillie de problèmes de tous ordres, avec la menace de drames sanitaires.

En ce qui concerne l'association à la vaccination des médecins généralistes, M. Marc Gentilini a dit que, le 13 octobre 2009, présidant la séance de l'Académie de médecine consacrée à la grippe A, il avait eu l'occasion de demander au directeur général de la santé - à qui personne ne reproche d'être chirurgien quand il parle de la grippe comme on reproche à d'autres d'être urologues - pourquoi il n'autorisait pas les médecins généralistes à vacciner. La réponse avait été : « Pourquoi pas ? ». Mais rien ne s'est passé. La présentation des vaccins en conditionnements multidoses aurait été parfaitement compatible le plus souvent avec un cabinet bien organisé. Et même si l'on avait quelquefois dû jeter cinq doses sur dix, on serait probablement arrivé à une couverture vaccinale supérieure à celle obtenue par la fermeture, par la ministre des sports, des gymnases au profit de la ministre de la santé. Tout cela est un peu incohérent et on a l'impression que le bon sens a, pendant toute cette période, déserté notre pays.

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