Intervention de Bernard Bégaud

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 5 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Le Professeur bernard bégaud professeur de pharmacologie à l'université de bordeaux directeur de l'unité de recherche « pharmaco-épidémiologie et évaluation de l'impact des produits de santé sur les populations »

Bernard Bégaud :

S'estimant peu compétent pour se prononcer sur les différentes procédures d'autorisation des vaccins, M. Bernard Bégaud a observé, en réponse à la question comparant la campagne vaccinale H1N1 et la vaccination contre l'hépatite B, que la campagne contre la grippe pandémique avait été très rapidement présentée comme une affaire d'experts et de corruption. Si les conflits d'intérêts sont presque inévitables, il est vrai que certaines agences - mais ce n'est pas le cas de l'Afssaps - font beaucoup trop reposer leurs décisions sur les experts. Normalement, l'expert est là pour exprimer une opinion. Après, cette opinion doit être analysée par des évaluateurs internes indépendants. Il est regrettable qu'il y ait parfois une espèce de dictature des experts dont on suit les avis, sans doute par manque de moyens et parce qu'on n'a pas la capacité d'une évaluation interne pour pondérer, juger ou voir les contradictions internes des avis émis.

A cet égard, il a cité l'exemple d'un expert qui était lié à une entreprise de production d'hypocholestérolémiants et qui avait défendu ces produits de manière excessive, estimant que le nombre de cas d'infarctus évités dépassait le nombre de cas d'infarctus survenant en France en une année. Quand il y a un évaluateur, il voit tout de suite que cela ne tient pas debout.

Il peut toujours y avoir des conflits d'intérêt mais ils ne semblent pas avoir été, dans le cas de la grippe H1N1, le problème principal. Au contraire, lors de la campagne contre l'hépatite B, les fabricants de vaccins, et plus particulièrement l'un d'entre eux, avaient pris en charge la campagne de communication avec des messages ahurissants affirmant, par exemple, que l'hépatite B tue plus en un jour que le sida en un an. Ce message scandaleux avait servi à promouvoir cette campagne mais l'avait aussi orientée vers une cible totalement biaisée : non pas les nourrissons et les enfants de 10-11 ans, mais les adultes, ce qui explique le problème soulevé par les cas de scléroses en plaques que l'on a observés et que l'on n'aurait évidemment pas pu observer chez des nourrissons.

La situation était dramatique car la France avait acheté et payé au prix fort 90 millions de doses de vaccins, soit une dose et demie par habitant, tout en ayant la plus mauvaise couverture vaccinale d'Europe contre l'hépatite B.

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