Intervention de Bernard Bégaud

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 5 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Le Professeur bernard bégaud professeur de pharmacologie à l'université de bordeaux directeur de l'unité de recherche « pharmaco-épidémiologie et évaluation de l'impact des produits de santé sur les populations »

Bernard Bégaud :

Rappelant le plan de déroulement de la campagne de vaccination contre l'hépatite B et les erreurs de communication qui l'avaient marquée, M. Bernard Bégaud a indiqué qu'on expliquait aux mères des nourrissons qui s'interrogeaient sur la vaccination de leurs enfants, que la vaccination offrait une protection à vie contre une maladie transmise par les rapports sexuels. Dès lors, les mères avaient tendance à penser qu'il était inutile de vacciner leurs enfants avant quinze ou seize ans. Or, selon les données disponibles à cette époque, on ne savait pas que la protection était à vie. Dans le même temps, les fonctionnaires et les personnels hospitaliers devaient se faire vacciner tous les cinq ans : certains adultes ont ainsi reçu huit à dix doses.

La sclérose en plaques se manifeste chez les adultes âgés de 15 à 45 ans, et deux fois plus souvent chez les femmes, ce qui correspondait aux populations vaccinées contre l'hépatite B. Par un simple calcul de probabilité, il pouvait donc y avoir un certain nombre de coïncidences entre la vaccination et l'apparition de scléroses en plaques.

M. Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à la santé, avait demandé que des études soient menées. L'une d'elles a montré de telles coïncidences, mais non significatives et très difficiles à expliquer. On ne savait pas si ces cas étaient purement fortuits, ce qui paraît le plus probable, ou s'ils avaient été « induits » par le vaccin et si la maladie serait survenue de toute façon plus tard, à l'occasion d'une grippe ou d'un stimulus immunitaire.

En tout cas, cette affaire n'est apparue qu'en France, car c'est le seul pays où on a vacciné aussi massivement les adultes en âge de développer la maladie. Les autres pays, notamment ceux du Nord et l'Italie, qui avaient choisi de vacciner les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes à risques, à savoir les personnes transfusées, les personnels de santé et les personnes ayant de multiples partenaires sexuels, n'ont eu aucun problème de ce genre.

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