Intervention de Christian Lajoux

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 5 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de Mm. Christian Lajoux président philippe lamoureux directeur général Mme Aline Bessis directeur en charge des affaires publiques et M. Fabrice Meillier responsable des affaires réglementaires des entreprises du médicament leem

Christian Lajoux :

a indiqué que les pandémies font partie de l'histoire naturelle de la grippe. Elles se sont d'ailleurs produites régulièrement par le passé. Les virus grippaux sont nombreux et mutent constamment. Ils peuvent se combiner entre eux pour générer de nouveaux virus contre lesquels la plupart des individus ont peu ou pas d'immunité, ce qui peut être à l'origine de maladies graves.

Pour la première fois dans l'histoire, le monde s'est préparé, après la découverte des premiers cas humains de « grippe aviaire » en 2004, à l'éventualité d'une pandémie. Cette préparation s'est intensifiée et accélérée dès la détection, au Mexique, en avril dernier, du virus A(H1N1)v jusqu'alors inconnu.

Si la gravité de la grippe A(H1N1)v s'est avérée finalement comparable à celle des virus saisonniers qui affectent plusieurs millions de personnes et sont responsables de plusieurs milliers de décès annuellement en France, il n'était pas possible de prévoir que le virus A(H1N1)v ne muterait pas ou ne se combinerait pas avec un autre virus grippal pour devenir plus dangereux.

En tout état de cause, la vaccination reste et restera le meilleur outil de prévention face à ces virus circulants et à leurs mutants potentiels.

a insisté sur le soutien que les entreprises du médicament ont apporté aux autorités publiques et aux professionnels de santé dans la lutte contre la pandémie de grippe A(H1N1)v.

Sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des experts nationaux et internationaux, les pouvoirs publics ont en effet décidé d'organiser des programmes de vaccination à large échelle afin de protéger leurs populations contre le virus. Les entreprises du médicament ont alors tout mis en oeuvre, dès l'identification du virus A(H1N1)v en avril 2009 et la mise à disposition de sa souche par l'OMS, pour produire des vaccins en moins de six mois.

Les entreprises du médicament n'avaient d'ailleurs pas attendu l'apparition du virus A(H1N1)v pour se préparer à faire face à une pandémie. Elles avaient en effet, depuis plusieurs années, élaboré une stratégie d'anticipation afin de pouvoir, le moment venu, mettre à la disposition des populations et des gouvernements des moyens de diagnostic, de prévention et de lutte contre un nouveau virus émergent. Elles ont ainsi optimisé leur recherche et développement dans l'objectif de prévenir ou de combattre ces nouveaux risques sans connaître en amont la solvabilité des marchés existants et, par conséquent, sans être certaines d'un éventuel retour sur investissement.

Elles ont ainsi fait face à des enjeux et des investissements importants en termes de recherche et développement ; elles ont adapté, renforcé et développé leurs outils de production et leur système d'approvisionnement et de distribution ; elles ont augmenté leurs stocks et leurs capacités de stockage.

Parallèlement, et parce qu'elles sont des entreprises socialement responsables, les entreprises du médicament ont également investi dans des moyens de prévention afin de maintenir leur activité économique et protéger leurs salariés en cas de pandémie. Au même titre que de nombreux secteurs d'activité, elles ont ainsi investi dans l'achat massif de moyens de protection individuelle (masques, gants, solutions désinfectantes), dans la mise en place de méthodes alternatives de travail et de plans de continuité de leurs activités.

a précisé que les entreprises du médicament sont principalement confrontées, dans leur préparation et dans la lutte contre une crise sanitaire, à trois problématiques. Elles doivent, tout à la fois, assurer la production du vaccin, la production et le stockage des médicaments antiviraux et la continuité dans l'approvisionnement en médicaments destinés au traitement des pathologies aiguës ou chroniques. Il s'agit là d'une problématique extrêmement complexe car la production de ces médicaments est une production internationale qui dépend de fournisseurs de matières premières, de fabricants et de sous-traitants localisés aux quatre coins du monde.

Les entreprises du médicament ont particulièrement veillé à se coordonner avec l'ensemble des acteurs de la chaîne du médicament : les grossistes-répartiteurs, les transporteurs et les pharmaciens d'officine. Un système de distribution du médicament efficace pendant une crise sanitaire est en effet essentiel pour que les médicaments soient disponibles en pharmacie ou à l'hôpital.

C'est grâce à ce travail d'anticipation et de suivi que l'industrie pharmaceutique figure aujourd'hui parmi les secteurs économiques stratégiques les mieux préparés à une crise majeure, qu'elle a été en mesure de mettre à la disposition de la population des vaccins contre la grippe A(H1N1)v en moins de six mois et de produire en quantité très importante les médicaments indispensables.

Afin d'illustrer ce travail d'anticipation, M. Christian Lajoux a présenté les mesures prises, dès 2005, par les entreprises du médicament et le Leem pour se préparer, en relation avec les pouvoirs publics, à faire face à une pandémie grippale et mettre en place des plans de continuité des activités.

En relation avec le délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire (DILGA) et la cellule de crise installée à la direction générale de la santé, le Leem a ainsi émis des recommandations et des orientations régulièrement actualisées à destination de ses adhérents et a pris des mesures avec les autres acteurs de la chaîne du médicament.

En ce qui concerne, plus spécifiquement, la production de produit de santé, le Leem a :

- publié, en 2006, un guide pratique pour aider ses entreprises adhérentes à constituer leur plan de continuité. Ce document a été complété, le 8 septembre 2009, par des recommandations précisant les indicateurs devant permettre d'adapter les activités des entreprises selon le niveau de la pandémie en France ;

- participé, en 2008, avec l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), à l'identification des médicaments dont l'approvisionnement doit être maintenu en cas de pandémie ;

- sensibilisé les entreprises du médicament à la nécessité d'organiser des exercices de simulation de pandémie : le Leem a notamment participé aux exercices nationaux, Pandémie 07 (au mois de janvier 2008) et Pandémie 09 (au mois de janvier 2009) ;

- établi, en septembre 2009, à la demande des autorités nationales, un état des stocks et des capacités de production des médicaments antipyrétiques et des antibiotiques.

En ce qui concerne la distribution, le Leem s'est coordonné avec tous les acteurs de la chaîne du médicament : les chambres syndicales des grossistes-répartiteurs et des dépositaires, l'Ordre national des pharmaciens et les syndicats de pharmaciens d'officine.

Tout en veillant à ne pas s'immiscer dans la gestion et les stratégies individuelles de chacune des entreprises qu'il représente, le Leem a agi, dans le cadre de la gestion de la pandémie de grippe A(H1N1), dans le souci de l'intérêt général et afin de préparer au mieux ses adhérents au risque encouru tel que celui leur a été présenté.

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