L’un des enjeux, à l’ère numérique, réside dans la construction d’une nouvelle économie de l’information, qui ne soit pas inféodée à l’industrie des télécommunications, qui ne soit pas non plus fondée sur une production individualisée – et donc forcément précarisée – de l’information.
À ce titre, la mainmise de Google sur le Net mondial, en position dominante tant dans la distribution d’informations qu’en tant que régie publicitaire, ce qui lui permet de contrôler la fixation des prix, n’aurait pas été tolérée dans l’économie traditionnelle. En France, 85 % des sessions sur Internet incluent l’utilisation du moteur de recherche Google, et celui-ci capte 90 % de la valeur de la publicité à ciblage contextuel.
Internet permettra-t-il de développer une valeur ajoutée suffisante pour financer une industrie de la presse, alors que c’est aujourd’hui le modèle strictement publicitaire, fondé sur le seul audimat, qui prédomine ? Or le revenu publicitaire fourni chaque année par un visiteur unique mensuel varie de 1 à 3 euros, contre 20 à 60 euros pour un lecteur de presse écrite.
Nous sommes en pleine période de tâtonnement sur Internet, avec la coexistence de modèles gratuits et payants. Certains plaident pour la fusion des rédactions papier et web, d’autres pour la solution inverse.
Dans ce nouveau modèle économique, la question de la constitution d’un pôle public de l’information sur le net autour de l’AFP, France télévisions, Radio France, l’Institut national de l’audiovisuel, Arte, les chaînes parlementaires et l’audiovisuel extérieur doit être posée, notamment parce que l’information est de plus en plus mobile et nomade : pensons simplement à l’actualité par envoi de SMS. Tous les secteurs d’information perdent de l’audience, sauf Internet.
Pour le papier, même la presse gratuite n’a pas trouvé les clés d’un nouveau modèle économique puisque les budgets publicitaires sont les premiers touchés en période de crise. Or ils n’ont pas d’autre source de revenus.
Autre sujet essentiel peu ou pas abordé dans les états généraux : la perte de crédibilité de la presse écrite. Elle vient en partie de ce que la presse appartient de plus en plus à des grands groupes industriels, qui contrôlent le pouvoir économique et sont en connivence étroite avec le pouvoir politique. Le club présidentiel du Fouquet’s en est une fameuse illustration.