Madame la Première ministre, mes chers collègues, trois années ont passé. La douleur de l’assassinat de Samuel Paty est encore présente. Elle vient d’être rouverte à vif par le meurtre de Dominique Bernard à Arras, ma ville, où l’émotion est à son comble.
Une fois de plus, l’école est une cible pour ceux qui en veulent à nos valeurs, qui en veulent à notre République.
Cependant, le terroriste a trouvé sur son chemin des héros. Avec un sang-froid admirable, enseignants, agents et policiers, au péril de leur propre vie, en ont sauvé de nombreuses. Les mots sont trop faibles pour les remercier et leur rendre hommage.
Si le temps est au deuil et au recueillement, il n’occulte pas tout à fait celui des questions.
Après trois décennies d’attentats et une trentaine de lois, l’arsenal juridique et policier existe. Est-il suffisant ? L’attentat d’Arras montre malheureusement qu’il y a des failles.
Pour autant, une énième loi de circonstance n’a guère d’intérêt. J’en appelle donc à la sagesse du Sénat pour trouver, dans la future loi Immigration, les réponses justes et fermes.
Reste qu’il faut miser aussi et surtout sur une véritable politique éducative et parentale, impérative pour réarmer moralement la jeunesse.
L’école doit demeurer un sanctuaire à l’abri de la violence de certains foyers et des idéologies mortifères, un lieu où l’on apprend et où l’on s’émancipe.
Monsieur le ministre de l’éducation nationale, vous avez rencontré à Arras les enseignants, bouleversés par le drame. Ils attendent vos réponses à leurs questions. Pour ma part, je vous en pose deux.
Premièrement, qu’allez-vous faire, pour assurer la protection des établissements scolaires ? Les grilles et les circulaires ne suffiront pas !
Deuxièmement, qu’allez-vous faire pour que le travail éducatif et civique qui a été réalisé par Samuel Paty et Dominique Bernard et que mènent tous les enseignants de notre pays ne soit pas vain ?