Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.
Alors qu’un double hommage a été rendu aux professeurs Dominique Bernard et Samuel Paty, lâchement assassinés par des terroristes islamistes, une rage sourde et une crainte certaine envahissent le monde enseignant.
Comment peut-on mourir d’enseigner en France en 2023 ? J’ai passé plus de trente-cinq ans de ma vie à enseigner et j’étais heureuse de me rendre à mon établissement chaque matin. Aujourd’hui, cela ne serait certainement plus le cas. L’école est devenue la cible du terrorisme. Nous en avons la confirmation avec ces tragiques événements.
À la colère et à la tristesse que nous éprouvons s’ajoute aussi l’effroi à l’idée que n’importe quel enseignant peut être aujourd’hui une cible. Dans une société de plus en plus violente, les enseignants se retrouvent souvent bien seuls, face à des assaillants qui peuvent profiter d’un interclasse pour entrer tranquillement dans un établissement scolaire et tuer.
Ils sont tout aussi démunis face à leur hiérarchie. Nos enseignants veulent un siècle de parole, non une minute de silence, le bras le long du corps, la montre en main. Ils veulent vivre pour enseigner, éduquer, instruire et élever : c’est leur mission et leur destin.
Monsieur le ministre, nos enseignants attendent un soutien clair et sans faille de l’État.
Aussi, quels moyens entendez-vous mettre au service de nos établissements et de notre école, afin que celle-ci puisse assurer sa mission essentielle, à savoir transmettre nos valeurs ?
Par ailleurs, comment comptez-vous réarmer nos enseignants et leur assurer une formation, à l’image de ce que furent les écoles normales à la fin du XIXe siècle ?