Intervention de Cédric Vial

Réunion du 30 octobre 2023 à 16h00
Interdiction de l'usage de l'écriture inclusive — Adoption d'une proposition de loi dans le texte de la commission modifié

Photo de Cédric VialCédric Vial, rapporteur :

Sont parfois également préconisées des modifications des règles grammaticales, comme l'accord de proximité. On parlera ainsi « d'hommes et de femmes radieuses », l'accord se faisant avec le terme le plus proche.

L'écriture dite inclusive est loin d'être marginale. Je ne partage pas le point de vue selon lequel la question serait anecdotique et ne mériterait pas que nous en débattions : l'écriture dite inclusive se répand rapidement, particulièrement dans la sphère publique, notamment sous l'influence du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), qui en fait la promotion.

Le HCE, organisme placé auprès de la Première ministre, a publié un guide pratique qui sert de référence. Il recommande l'usage du point médian, et tend donc à en diffuser l'emploi, à l'encontre de l'esprit et de la lettre de la circulaire de 2017 du Premier ministre Édouard Philippe.

À l'université, l'écriture dite inclusive est couramment répandue. On s'y rallie de plus ou moins bon gré, afin d'éviter d'être classé « réactionnaire » ou « rétrograde », pour utiliser la sémantique qui se veut culpabilisatrice de mon collègue de la Nup·e·s, Yan Chantrel. (

Les correspondances privées ne sont pas les seules à être concernées : des statuts d'université ont été ainsi rédigés ; un sujet d'examen en écriture inclusive non binaire a été récemment proposé à des étudiants de l'université Lyon II.

L'écriture non genrée est déjà très employée outre-Atlantique, ses promoteurs considérant l'écriture inclusive binaire comme rétrograde !

C'est toute la question de l'universalité du langage qui est ici posée, de sa capacité à représenter un monde commun, plutôt que de vouloir rendre visibles toutes nos différences. §

À quelles difficultés sommes-nous confrontés ? En premier lieu, l'écriture dite inclusive représente une menace pour l'intelligibilité et l'accessibilité de la langue.

Si nous parlons d'écriture dite inclusive, c'est que je réfute l'expression « écriture inclusive », laquelle ne possède, dans les faits, aucun des ingrédients de l'inclusion ; elle en vient même à produire l'inverse !

Alors que 11 % des jeunes participant à la Journée défense et citoyenneté (JDC) rencontrent des difficultés dans le domaine de la lecture, et que beaucoup de linguistes soulignent l'écart grandissant entre le français oral et le français écrit, l'écriture dite inclusive ne fait qu'aggraver ce constat.

Elle est en fait profondément excluante pour les 2, 5 millions de personnes considérées en situation d'illettrisme, pour les 6 % à 8 % de la population qui seraient concernés par des troubles « dys », notamment la dyslexie, ou encore pour le million de personnes considérées comme aveugles ou malvoyantes. Pour toutes ces personnes, il n'y a pas de combat pour ou contre l'écriture dite inclusive, mais des difficultés supplémentaires et pratiques à résoudre. Pour eux, cette écriture est excluante.

Rappelons que l'accessibilité et l'intelligibilité de la loi sont des objectifs de valeur constitutionnelle. À cet égard, l'écriture dite inclusive va à l'encontre de toutes les démarches de simplification administrative. Elle est en contradiction complète avec la démarche dite du Falc, le français facile à lire et à comprendre, méthode qui vise à rendre les publications plus simples et plus accessibles en les rédigeant dans un langage compréhensible par tous.

Par ailleurs, cette variation de notre langue ne répond pas à une demande et ne résulte pas d'une évolution spontanée du langage oral. C'est une nouvelle grammaire et une nouvelle syntaxe imposées de façon brutale par les militants de cette cause. Ce n'est donc pas une forme de langage neutre d'un point de vue politique : c'est une écriture militante.

Lors de nos auditions, il nous a été rappelé qu'il s'agissait d'un combat pour la cause féministe ou pour la cause LGBT. Dans tout combat, il y a des combattants…

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