Intervention de Cécile Cukierman

Réunion du 30 octobre 2023 à 16h00
Interdiction de l'usage de l'écriture inclusive — Article 1er

Photo de Cécile CukiermanCécile Cukierman :

Mes chers collègues, à l'évidence, nous sommes face à un écueil : comment faire en sorte que ce débat passionnant ne tourne pas au débat passionnel ?

Dans une société qui connaît de moins en moins le sens de la mesure, nos discussions s'hystérisent inévitablement. Les uns et les autres se sentent poussés dans leurs retranchements, au point que leurs paroles peuvent dépasser leurs pensées respectives.

Non, la langue et la culture françaises ne sont pas en train de s'effondrer. Non, l'écriture inclusive n'est pas l'alpha et l'oméga de l'égalité entre les femmes et les hommes. En la matière – j'en demeure convaincue –, le véritable combat est celui de l'égalité salariale. Sur ce front, il y a encore beaucoup à faire.

La langue permet de communiquer et donc de faire société. Elle fait de l'homme cet « animal politique » dont parlait Aristote. En ce sens, elle constitue un sujet éminemment politique. Je ne saurais dire le contraire : ma mère, Catalane, a appris sa langue maternelle sous Franco, qui en avait interdit l'enseignement en Espagne.

L'histoire de France et, au-delà, les différentes histoires européennes nous rappellent ainsi tout le rôle politique de la langue.

Pour ma part, je tiens à insister sur la différence fondamentale entre la langue écrite et la langue orale. Si nous voulons réellement progresser vers l'égalité, il est impératif de conjuguer l'une et l'autre. Or le présent texte ne répond pas à ce défi-là.

Pour leur part, les membres de notre groupe ne prendront pas part aux votes, qu'il s'agisse des articles ou de la proposition de loi dans son ensemble.

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