Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Réunion du 8 novembre 2006 à 15h00
Participation et actionnariat salarié — Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin :

Madame la présidente, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, « il manque à la société mécanique moderne un ressort humain qui assure son équilibre ».

Ce qui était vrai du temps des Mémoires d'espoir du général de Gaulle, l'est encore davantage aujourd'hui.

La société mondiale n'est plus seulement mécanique par ses techniques et ses technologies, elle le devient aussi par certains de ses principes.

La financiarisation de la mondialisation bouscule évidemment partout les relations de travail.

Si nous préférons, en France, le mot de mondialisation à celui de globalisation, c'est que ce dernier porte en lui cette idée, dénoncée par le général de Gaulle, d'ordre mécanique du monde.

La globalisation signifie que les mêmes règles, les mêmes mécaniques, s'appliquent à tous, au-delà de toutes les frontières.

Poussées à leurs limites, l'idée de mondialisation implique la dialectique des continents - entre l'Europe et la Chine, l'Inde ou l'Amérique -, mais l'idée de globalisation, quant à elle, annonce la fin de la politique.

Dans ce dernier cas en effet, une seule règle mondiale, la compétitivité, s'applique à tous les territoires, par-dessus les États, qui, parce qu'ils deviennent globaux, se demandent aujourd'hui s'ils sont toujours nationaux.

Plus on abaisse les frontières et plus on affaiblit ou l'on transfère les souverainetés.

Cette perspective de l'ultra-compétitivité est au coeur du débat d'aujourd'hui, parce qu'elle porte en elle la dissolution du lien entre capital et travail.

Avec la mondialisation, le capital est de plus en plus nomade ; avec de nouvelles logiques financières, il est aussi de plus en plus anonyme ; avec la montée des égoïsmes, il est de plus en plus pressé.

Alors que les salariés en particulier, mais les citoyens en général, cultivent à l'inverse leur identité, valorisent leurs racines et cherchent à être maîtres de leur temps, la relation entre capital et travail est grignotée par l'indifférence.

De nombreuses forces mondiales accélèrent, hélas ! ce phénomène.

La croissance chinoise est en partie fondée sur la captation financière des bons du trésor américains, pour valoriser le travail dans l'« empire ».

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