illustre à merveille le mal profond de notre pays.
Au sortir d'une campagne sénatoriale qui nous a vus sillonner nos départements respectifs et rencontrer de très nombreux élus, au moment où s'ouvre le Congrès des maires, on mesure dans ce volumineux rapport de façon palpable le profond décalage existant entre la théorie et la pratique, entre le verbe et la réalité.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, semble-t-il. Les dynamiques sont historiques, les péréquations veillent sur nous, la redistribution est à son comble. Encore un effort, et la félicité nous gagnera…
La réalité est tout autre, monsieur le ministre.
La triste réalité, que vous le vouliez ou non, c'est que d'une liberté constitutionnelle, pensée et conçue pour garantir la libre administration des communes, l'autonomie financière est devenue une coquille vide dépourvue de tout effet utile pour nos collectivités.
La triste réalité, monsieur le ministre, c'est qu'en vingt ans, le modèle de décentralisation à la française a perdu de sa pertinence face à un double mouvement opéré par l'État, qui a consisté à recentraliser le fonctionnement des collectivités locales tout en accroissant en même temps les charges pesant sur elles.
Aujourd'hui, réconcilier le pouvoir central et le pouvoir local apparaîtrait comme une œuvre historique pour notre pays ; je pèse mes mots.
C'est même devenu, je le crois sincèrement, un véritable enjeu de démocratie. Y êtes-vous prêt, monsieur le ministre ?