Intervention de Stéphane Ravier

Réunion du 21 novembre 2023 à 14h30
Partenariats renouvelés entre la france et les pays africains — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

Madame la présidente, madame, monsieur les ministres, mes chers collègues, voilà la seconde fois en quelques mois que le Gouvernement présente sa feuille de route pour l'Afrique devant le Parlement. Nous vous en remercions, madame, monsieur les ministres, mais nous avons l'impression que vous prêchez dans le désert : si le Président de la République multiplie les déplacements et les déclarations, l'Afrique ne nous écoute plus.

Rappelons la réalité démographique. En 2050, c'est-à-dire demain, une personne sur quatre dans le monde sera africaine. Alors que la population européenne vieillit et stagne, l'âge médian en Afrique est de 20 ans. L'Afrique est jeune. Elle n'attend plus la France.

De son côté, le Sud global se développe en Afrique, avec comme dénominateur commun d'être opposé à l'Occident, donc particulièrement à la France. Les Brics tiennent un sommet extraordinaire en ce moment même. Ayant accueilli l'Afrique du Sud en leur sein en 2010, les pays de cette communauté représentent déjà 41 % de la population mondiale, 31 % de la production mondiale et 18 % du commerce mondial. Déjà, 22 pays africains ont demandé à en devenir membres, dont le Nigéria, le Sénégal et l'Algérie.

Au dernier sommet des Brics, en août dernier, 53 États africains étaient invités. L'Égypte et l'Éthiopie, deux pays qui atteignent ou dépassent les 100 millions d'habitants, viennent de rallier cette influente communauté internationale. Pour mémoire, l'Égypte jouit d'une position géostratégique sur les routes commerciales et des gisements de pétrole et de gaz en Méditerranée orientale. L'Éthiopie, elle, est au centre de l'Union africaine et vise une croissance de 20 % cette année, selon le FMI.

En Afrique, la Chine a déjà construit plus de 6 000 kilomètres de voies de chemin de fer. La cause de ce succès est notre échec. Les pays du Sud global ont su proposer des modèles de partenariat alternatifs, alors que nous sommes encore empêtrés dans nos litiges de colonisation, décolonisation, post-colonisation, néocolonisation – j'en passe, et des meilleures ! –, qui incitent au rejet, voire à la haine de la France, malgré le sacrifice de nos soldats.

Dès 2009, l'économiste zambienne Dambisa Moyo affirmait que l'aide publique au développement n'aidait pas l'Afrique. Selon elle, le continent aurait bénéficié de plus de 1 000 milliards de dollars d'aides publiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En France, les gouvernements n'ont jamais eu aucune exigence sur l'utilisation de ces sommes, qui viennent de la poche du contribuable et qui, souvent, servent à soutenir l'incurie d'une certaine classe politique africaine.

L'Empire britannique s'est disloqué avec perte et fracas, provoquant des millions de morts dus aux guerres civiles ayant suivi la décolonisation. Les Britanniques ont cessé de s'en excuser. Et cela n'a pas empêché le Gabon et le Togo, pays pourtant francophones, de rejoindre le Commonwealth l'année dernière.

Aujourd'hui, le Premier ministre britannique a assuré qu'il ne permettrait pas à la Cour européenne des droits de l'homme de bloquer le projet de son gouvernement d'expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda. Il a promis de faire tout ce qu'il faudra pour faire décoller des avions. Tout cela en bonne intelligence avec son homologue africain... Voilà ce qu'est un partenariat volontariste !

Pour la paix, la sécurité et la stabilité du monde, nous avons besoin de développer notre influence, notamment culturelle, en Afrique, et d'en finir avec l'assistanat et nos complexes, pour adopter enfin des partenariats bilatéraux pragmatiques.

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