Intervention de Patrice Vergriete

Réunion du 1er décembre 2023 à 19h00
Loi de finances pour 2024 — État b

Patrice Vergriete, ministre délégué :

Sur cette question, personne ne peut être indifférent. Nous avons tous une part d'humanité ! Nous pouvons tous comprendre les choses et être sensibles à ces situations.

Mais de quoi parle-t-on ? Nous sommes passés de 93 000 à 203 000 places d'hébergement d'urgence. Aujourd'hui, nous ne sommes même pas certains de pouvoir recruter les travailleurs sociaux nécessaires pour accompagner ces créations ! Nous ne parvenons plus à recruter de personnes pour travailler au 115.

Aujourd'hui, la durée des contrats des personnes qui travaillent au 115 est très courte. Nous sommes à la limite du système.

Il faut une rénovation, une restructuration en profondeur du système de l'hébergement d'urgence. Il faut aussi remettre sur la table la question de la durée de cet hébergement.

Comme je le disais tout à l'heure, 42 % des personnes en hébergement d'urgence y sont depuis plus de trois ans. Trouvez-vous cela normal ? Trouvez-vous normal qu'une famille doive vivre à l'hôtel pendant plus de trois ans, sans accompagnement, avec des enfants scolarisés ?

Effectivement, aujourd'hui, il faut restructurer en profondeur le système. C'est la raison pour laquelle nous avons massivement augmenté le nombre de postes sur la veille sociale – de plus d'un tiers, avec 500 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires –, y compris pour renforcer le 115.

Sur la question des familles, chaque fois que le sujet est abordé dans le débat, d'aucuns brandissent des chiffres : 2 000, 3 000, bientôt 10 000… Mais ces chiffres ne sont évidemment pas documentés.

Nous avons fait procéder à un examen par les différentes préfectures de l'Île-de-France, et nous nous sommes aperçus que 80 % des familles concernées par le 115 refusaient une évaluation sociale de la situation à l'occasion de maraudes. Ce taux me laisse penser qu'une meilleure connaissance des publics est nécessaire.

Je le répète, il faut une restructuration en profondeur de l'hébergement d'urgence. En revanche, il ne faut pas forcément, chaque année, réclamer 10 000 places supplémentaires d'hébergement d'urgence. On le fait depuis des années et des années, et cela ne règle rien !

J'émets donc un avis défavorable sur ces amendements.

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