Intervention de Philippe Berta

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 9 novembre 2023 à 9h30
Examen des conclusions de l'Audition publique sur les nouveaux polluants de l'eau christine arrighi députée rapporteure

Philippe Berta, député :

Je crois que les premières alertes relatives à la pollution de l'eau remontent à la fin des années 1980, à l'occasion de deux événements particulièrement marquants. Le premier était l'extinction des populations d'alligators dans les lacs nord-américains due au fait que les sujets étaient devenus hermaphrodites, donc stériles, en raison de concentrations anormales de produits chimiques. Le deuxième était la disparition partielle des populations d'ours blancs, due à leur importante consommation de glace, cette dernière concentrant les micropolluants.

J'ai trouvé votre rapport remarquablement optimiste. Je le serais beaucoup moins. J'ai en effet le sentiment que la prochaine conséquence de ces pollutions, qui constitue peut-être une bonne nouvelle pour la planète en termes d'effet sur la biodiversité, sera la disparition de l'espèce humaine elle-même. Je suis avec attention les chiffres de la fertilité et divers rapports ont par exemple montré que les hommes perdaient 50 % de spermatozoïdes par décennie. La situation devient extrêmement critique. Or l'origine de ce phénomène est à chercher dans l'exposition aux diverses pollutions, que ce soit dans l'eau, l'air, l'alimentation, etc. La difficulté tient à l'évaluation de ces éléments et des effets cocktail liés aux différentes molécules en présence. Ceci est d'une complexité extraordinaire. Cette question devrait selon moi être la priorité majeure en matière de santé publique. Je suis toujours abasourdi, moi qui m'intéresse de longue date à ces sujets, par l'évolution des chiffres de la fertilité. Or cela n'émeut personne. L'accent est mis davantage sur la cancérologie ou l'infectiologie, alors que le vrai péril à moyen terme me semble être là. Dans les années 1990, j'ai fait faire à l'un de mes étudiants qui travaillait sur l'embryogénèse une expérience consistant à verser de l'eau du robinet de Montpellier sur des embryons de poulets : il avait observé assez rapidement l'existence de malformations sexuelles. Le message de santé publique me semble actuellement très léger face à la réalité du danger encouru.

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