L'examen de ce projet de loi doit être l'occasion d'affirmer cette reconnaissance que nous accordons à la mission des assistants maternels et des assistants familiaux. Cette mission est essentielle, car elle contribue aussi à fournir à la famille le ciment indispensable à sa cohérence et à sa stabilité.
S'il ne s'agit pas d'une profession comme les autres, il n'en demeure pas moins qu'elle occupe une place primordiale dans la société où l'accueil de l'enfant doit être compris comme une présence et une attention de tous les instants.
Cet accueil - j'allais même dire cette « surveillance » - ne peut être le résultat d'une action mécanique ou d'une fonction administrative ; il est le résultat d'un investissement permanent et toujours inachevé. Oui, j'ai bien dit « investissement », car je pense aux risques du quotidien, à la lutte contre les dangers domestiques et aux forces imprévisibles de l'inconnu.
Quelle responsabilité que celle d'être chargé de ces jeunes dans la première partie de leur vie !
Ainsi, l'assistant maternel a non seulement toute sa place au sein de la famille mais, mieux encore, il occupe de plus en plus le terrain d'une vie professionnelle exercée à plein temps, devant être mieux comprise, reconnue, intégrée, mais aussi encouragée.
Même s'il sort peu de son cadre quotidien, de son domicile, l'assistant maternel exerce une profession qui est détachée de son environnement et qui, du fait du niveau des compétences exigées, des remises en question devenues permanentes, de la qualité de l'écoute et de l'accompagnement de l'enfant requis, ne relève plus du simple mode de garde. La formation, à ce titre, doit être permanente et adaptée, ainsi que M. le rapporteur l'a dit.
On ne s'improvise pas, du jour au lendemain, assistants maternels ou assistants familiaux, car, dans cette dynamique professionnelle, la relation à l'enfant doit s'exercer de façon adaptée, mais aussi différenciée. Etre parent est une chose, être assistant maternel en est une autre.
L'exercice de cette profession se situe dans le juste et nécessaire équilibre à trouver entre la dimension parentale et la fonction d'accueil du jeune enfant.
En aucun cas il ne s'agit d'une profession au rabais. On pourrait penser trop rapidement, et trop facilement, qu'une telle mission peut être innée, naturelle ou à la portée de tous. On pourrait aussi croire, à tort, que le simple fait de l'exercer chez soi, à domicile, sans regards extérieurs, la réduit à sa plus simple expression, et que, confondue avec le quotidien domestique, elle peut nous autoriser à ne pas nous y intéresser. Ce n'est pas cela, mes chers collègues, c'est autre chose.
C'est la raison pour laquelle cette volonté de professionnalisation ne peut être qu'un « plus » dans la reconnaissance de ce beau métier. Il ne pourra jamais y avoir d'homogénéité dans l'accomplissement de cette profession tant elle s'appuie sur des expériences maternelles et éducatives diverses et variées.
Bien au contraire, il s'agit de prendre en compte des capacités d'investissement et des qualités de coeur, avec un accueil familial différencié, adapté et personnalisé.
Il est vrai que la question de l'agrément mais aussi celle de son renouvellement posent problème. A ce titre, la position de nos collègues députés, exprimée dans l'amendement n° 105 rectifié, à l'article 6, qui conditionne l'agrément à l'obtention d'une réponse, peut nous rendre perplexes.
Je pense que nous devrions modifier cette disposition en ajoutant les mots suivants : « le délai suffisant permettant à une non-réponse de devenir une acceptation ». Cette modification résulte d'une réflexion non pas individuelle et spontanée, mais commune à beaucoup de mes collègues.
Ce système peut être pernicieux car, en l'absence de motivation, le refus d'agrément peut porter atteinte à l'objectivité même de la décision. Sans information, l'assistant maternel n'aura plus aucun recours. Quel intérêt aura-t-on, alors, à conserver une commission consultative paritaire départementale ?
Oui, les assistants maternels et les assistants familiaux sont à l'écoute quotidienne des enfants et de leur famille. Ils sont, dans certains cas, le rempart contre la maltraitance, la violence, la malnutrition. Ils compensent aussi parfois un manque d'affection, cette affection si indispensable.
Certes, en cas de difficulté, les assistants maternels peuvent faire appel aux services de la petite enfance, qui dépendent de nos conseils généraux, mais, au coeur de cet équilibre délicat, ils doivent à la fois savoir écouter et savoir retranscrire.
En outre, ils sont amenés, dans certains cas, à pallier les défaillances de notre société, que nous sommes malheureusement obligés de considérer, de façon modérée mais objective, comme un peu malade.
Je voudrais ici, en toutes simplicité, en toute sincérité, rendre hommage aux assistants maternels et aux assistants familiaux. Tous sont à la fois les témoins et les acteurs de l'accompagnement de l'enfant, de son évolution. Ils assurent l'éveil de l'enfant dans son quotidien et des temps essentiels pour son développement. Et tout cela ne s'improvise pas. Nous devons donc encourager ces professionnels non seulement en affirmant des principes, mais aussi en inscrivant dans ce projet de loi les moyens nécessaires au bon exercice de leur activité.
Dans ce schéma professionnel habituel, leur outil de travail, c'est l'écoute, leur méthode, l'implication, et leur efficacité, l'accompagnement La réussite de cette profession s'exprime grâce à une dimension naturelle et humaine, dont les résultats ne peuvent, certes, pas être quantifiés mais qui, dans la grande majorité des cas, s'appuient sur des qualités humaines indiscutables.
A ce titre, les assistants maternels et les assistants familiaux ne sont pas suffisamment reconnus et rémunérés. Leur professionnalisation passe par la formation et la prise en compte d'un véritable statut - associé à une vraie rémunération - mais aussi d'un état d'esprit : garder des enfants, ce n'est pas la même chose que de fabriquer un objet !
Le contexte est loin d'être facile : la violence et l'agressivité l'emportent souvent sur l'échange, la compréhension et l'affection.
L'avenir de cette belle profession est lié à une formation adaptée aux enjeux et aux évolutions de notre société. II faut transmettre aussi à tous les acteurs concernés un état d'esprit fondé surtout sur cet objectif : aider l'enfant à devenir un homme.
L'affirmation de cette profession d'assistant maternel et d'assistant familial par l'octroi d'un statut ne doit pas être une simple déclaration d'intention. Au contraire, elle doit permettre de reconnaître en ceux-ci les sentinelles de la famille, voire, mieux, les sentinelles de la société.