Les États tiers sont présents : Russie, États-Unis... La Chine est très active, sans doute même par le biais de la corruption, surtout du côté de la Commission. De telles présences ont trop souvent été négligées.
Pour en revenir à l'influence en général, pourquoi est-elle une nécessité ? L'administration européenne exercée par la Commission est en partie hors-sol, car privée du pouvoir d'exécution : hors exceptions, elle ne met pas en oeuvre les textes qu'elle propose, les administrations nationales s'en chargent. Une administration nationale qui élabore un texte a intérêt à exercer des consultations pour se préoccuper de la mise en oeuvre. À l'échelle européenne, le contact avec le monde réel se fera avant l'élaboration d'un texte, en consultant informellement les lobbyistes.
Ces derniers sont un apport pour mieux comprendre certains sujets. En France, comme à l'échelle européenne, il importe de connaître la position réelle des acteurs : le jeu de dupes est complexe. Pour ma part, j'avais monté un groupe de PME que je consultais sur diverses thématiques. Le jeu d'influence peut donc être positif. Il est même indispensable pour les États.
Nous avons intérêt à développer un « lobbying public » pour faciliter les négociations hors du cadre formel, à l'image de ce que pratiquait le Royaume-Uni. De fait, l'influence implique de disposer d'une stratégie définie tôt. Quand la France a eu du poids sur la définition de la PAC, c'est parce qu'elle avait une vraie stratégie.
À ce titre, il convient d'utiliser tous les vecteurs de l'influence : experts nationaux détachés, nominations, recrutements dans les cabinets de commissaires... Dans ce dernier cas, la France pèche par défaut d'anticipation, sa logique étant celle de filières corporatistes : le Quai d'Orsay essaie, par exemple, de placer ses agents. Les Français étant en concurrence entre eux, il arrive trop souvent qu'ils n'obtiennent pas le poste convoité.