Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, en 2017, le Président de la République a été élu sur une promesse de dépassement des clivages et de renouvellement des pratiques. La réserve parlementaire symbolisait alors la prétendue rupture entre l'ancien monde, accablé de tous les défauts, et le nouveau, paré de toutes les vertus.
Je ne crois pas utile de rejouer les débats de 2017. Mieux vaut regarder vers l'avant et préparer notre pays aux défis qui l'attendent, dont deux sont, à mon sens, majeurs : le défi démocratique et le défi climatique.
Le premier, c'est le défi démocratique. L'état d'anxiété dans lequel se trouve notre pays menace la cohésion nationale. Les Français sentent qu'ils perdent le contact avec leurs représentants et le sentiment d'abandon est encore plus fort chez les élus locaux. Ces derniers ont l'impression qu'on leur en demande toujours plus, alors que leurs moyens sont de plus en plus limités. C'est d'autant plus vrai pour les petites communes, qui croulent sous les obligations techniques, légales et administratives sans avoir l'ingénierie nécessaire.
Or, pour les élus de ces communes, la réserve parlementaire constituait un lien fort avec la représentation nationale. Pour de nombreux maires ruraux, elle permettait un dialogue avec les parlementaires de la circonscription. Grâce à elle, on parlait projets et développement territorial ; bref, on faisait de la politique locale. De même, la réserve parlementaire créait du lien avec les citoyens en montrant que le parlementaire œuvrait à des réalisations concrètes et de proximité.
La fin du cumul des mandats est venue éloigner le parlementaire de nos concitoyens au moment même où la réserve parlementaire a été supprimée. Élu d'un département rural, mon collègue Daniel Chasseing le répète inlassablement : il plaide depuis longtemps pour rétablir une forme de réserve parlementaire et je tiens à saluer son action.
Aujourd'hui, ce lien manque, et ce manque nourrit le sentiment d'abandon qu'éprouvent les élus locaux. Bien sûr, la DETR permet encore de financer des projets d'intérêt local, mais elle ne tisse pas de lien entre les élus du territoire et la représentation nationale.