Nous sommes en revanche bien plus préoccupés par les décrets d’application de la loi Climat et résilience sur l’avenir du bâti agricole. Rien ne dit que nos agriculteurs pourront continuer demain à construire les structures nécessaires à leur activité – je suis stupéfait que votre ministère n’ait pas été consulté à ce sujet.
Enfin, j’insisterai sur la compétitivité de notre agriculture. Nous aurons beau avoir les meilleurs produits agricoles au monde, si l’État ne s’organise pas pour défendre la France dans la compétition mondiale, nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer notre naïveté collective !
Le premier combat est celui de la cohérence et de la prudence. Monsieur le ministre, je lance un appel solennel qui, je le sais, est largement partagé dans cet hémicycle : renoncez à l’accord avec le Mercosur, à cette folie qui mettra en péril les efforts de nos agriculteurs et fragilisera durablement notre pays à l’international !
Le deuxième combat a trait au réarmement de nos politiques pour favoriser la compétitivité de notre agriculture. Cette année, grâce au travail de nos collègues Laurent Duplomb, Pierre Louault et Serge Mérillou, le Sénat s’est prononcé très clairement en faveur de mesures concrètes. Dès lors, n’attendez plus pour inscrire ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, si nous voulons renforcer la compétitivité de notre agriculture, il nous faut assurer davantage de cohérence dans la conduite de nos politiques publiques. À cet égard, comment justifier la hausse envisagée de la RPD ?
La mobilisation des agriculteurs, de leurs syndicats et de nombreux parlementaires a permis de supprimer cette mesure il y a quelques jours au Sénat. La Première ministre a finalement renoncé à cette ponction injustifiée, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir. Cependant, la cohérence aurait commandé de ne jamais présenter un tel dispositif.
Autre point de vigilance : l’avenir de notre modèle agricole et de nos exploitations. D’ici 2030, un tiers des agriculteurs sera parti à la retraite. La question de la transmission des exploitations s’impose donc comme l’un des défis majeurs de la décennie ; aussi devons-nous le regarder en face avec courage.
Le projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles est sans cesse reporté, alors que le monde agricole s’inquiète. Le rythme de travail, les charges et la juste rémunération sont autant de sujets de préoccupation pour les filles et fils d’agriculteurs, qui sont de plus en plus réticents à reprendre l’exploitation familiale.
La représentation nationale attend avec impatience le plan du Gouvernement qui permettra d’attirer des personnes compétentes vers ces beaux métiers et contribuera à dessiner le visage de la ferme France de demain.
Vous me permettrez enfin de dire un mot de nos forêts, chères à notre collègue Daniel Gremillet, qui a déposé un amendement à ce sujet. La forêt, c’est à la fois l’écologie, le bâtiment, l’aménagement du territoire et l’emploi. Notre pays est façonné par ses forêts, qui restent trop souvent un angle mort de nos politiques publiques.
Bien sûr, nous nous satisfaisons des améliorations apportées l’an dernier au fonctionnement de l’ONF, mais nous resterons très vigilants au sujet de cet opérateur trop longtemps malmené.
Mes chers collègues, vous le constatez, les défis sont nombreux et les inquiétudes vives. Tout ne se réglera pas avec des crédits supplémentaires, même s’ils sont attendus et nécessaires.
Le Sénat porte la voix des territoires, mais aussi celle des femmes et des hommes qui y travaillent, y sèment et y récoltent pour en tirer le meilleur pour l’ensemble de nos concitoyens et dans l’intérêt de notre nation.
Le groupe Les Républicains votera donc ces crédits, conscient cependant qu’ils n’apportent qu’une réponse parcellaire aux problèmes rencontrés par l’ensemble – je dis bien l’ensemble – du monde agricole.