Plus que sur le loup, le débat du jour porte sur le pastoralisme – je tiens à ce titre à saluer le fait que, depuis le début du mois de décembre, la transhumance, qui lui est liée, est classée par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Néanmoins, je refuse la rhétorique simpliste qui fait du loup le seul ennemi du pastoralisme, secteur qui connaît par ailleurs des difficultés économiques structurelles. L'accès restreint au foncier, la concurrence internationale, la pénibilité, la charge de travail, le manque de valorisation économique et de perspectives, notamment en termes de carrière, sont autant de facteurs explicatifs d'une baisse d'attractivité du pastoralisme et d'un déficit de renouvellement, avec ou sans le loup.
Le constat est cependant clair : le retour du loup représente un coût financier et humain important, qui n'est pas pris en compte dans le modèle économique actuel des élevages en France.
Nous ne pouvons pas non plus nier la dimension traumatisante pour l'éleveur des attaques du loup.
L'aide de l'État est indispensable pour permettre une cohabitation durable en amont de toute prédation et dans une visée d'adaptation. Il nous faut aller plus loin dans la compensation des surcoûts induits par les changements de pratique, le gardiennage renforcé de nuit, les chiens de protection ou les clôtures électrifiées ; il nous faut aussi aller plus loin dans l'étude et le suivi de l'espèce.
Le loup n'a pas entraîné la crise du secteur, mais il représente certainement une difficulté supplémentaire dont l'État doit prendre la mesure.
En ce sens, la proposition de déclassement du statut de protection du loup formulée par la Commission européenne nécessite une étude complète préalable, aujourd'hui insuffisante, des effets qu'une telle évolution aura sur les aides aux éleveurs. La possibilité de chasser le loup ne doit pas servir de prétexte à l'État pour cesser tout soutien aux mesures d'adaptation qu'il encourage aujourd'hui : en effet, ce sont les seules dispositions permettant d'assurer une coexistence durable et pacifiée entre l'espèce et les éleveurs.
Pour tous ces motifs, la proposition de la Commission, que semble appuyer le projet de plan Loup 2024-2029, appelle à la plus grande vigilance.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous confirmer que, malgré tout, l'État assurera le même soutien aux éleveurs si la proposition de la Commission européenne était adoptée ? Comment pourrions-nous anticiper la venue du loup dans les territoires actuellement non concernés ? Ne devrions-nous pas y prendre d'ores et déjà des mesures d'adaptation ?