Intervention de Daniel Salmon

Réunion du 16 janvier 2024 à 14h30
Réforme du marché de l'électricité — Débat interactif

Photo de Daniel SalmonDaniel Salmon :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’énergie est un bien commun essentiel à notre société. La crise énergétique que nous connaissons et les spéculations qu’elle a engendrées ont des effets économiques et sociaux délétères, à la fois pour notre tissu économique et, a fortiori, pour les plus vulnérables de nos concitoyens.

Dans ce contexte, les réformes du marché de l’électricité doivent garantir un accès généralisé à l’énergie permettant de couvrir les besoins à un coût abordable.

Or, avec la politique que vous menez, vous ne semblez pas emprunter cette voie, alors que vous avez, depuis la mi-novembre 2023, commencé à dessiner les contours de la future régulation du marché dans le secteur du nucléaire.

L’objectif affiché par le Gouvernement est clair : il faut à la fois que « les consommateurs français puissent bénéficier de prix stables » et qu’EDF ait « les moyens d’investir pour son avenir ».

En réalité, votre politique nous semble avoir pour principal objectif de garantir le financement coûte que coûte de la relance du nucléaire. Dans cette perspective, votre stratégie française pour l’énergie et le climat prévoit un cadre post-Arenh dans lequel les consommateurs paieront une part supposée juste du préfinancement de notre futur mix énergétique.

Mais que s’agit-il de préfinancer et pour combien ? Le coût de cette relance du nucléaire est plus qu’incertain et risque de peser fortement dans les portefeuilles des consommateurs.

Rappelons qu’EDF est déjà endettée à hauteur de 65 milliards à 70 milliards d’euros et que les besoins en matière d’investissement semblent infinis : je pense au vieillissement des cinquante-six réacteurs en service, qui doivent faire l’objet d’une quatrième visite décennale et qui entrent dans le programme du grand carénage, au coût de l’EPR de Flamanville qui n’en finit pas de déraper, aux dépenses supplémentaires nécessaires pour financer les nouveaux EPR2, les hypothétiques petits réacteurs modulaires (SMR), ainsi que le centre de La Hague et le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) – la liste longue et je m’arrêterai là.

Dans le même temps, le coût des énergies renouvelables baisse, et leur production ne cesse d’augmenter partout dans le monde. Notons qu’en 2023 les nouvelles installations photovoltaïques ont permis d’atteindre une puissance cumulée de 510 gigawatts, ce qui constitue un record.

Au-delà de nos désaccords sur la sécurité et l’impact environnemental du nucléaire, pourriez-vous nous indiquer dans quelle mesure cette relance du nucléaire pèsera sur le prix de l’énergie fournie aux consommateurs, dès lors que le tarif post-Arenh semble devoir être fixé à 70 euros par mégawattheure ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion