Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens tout d’abord à saluer l’excellente initiative de notre collègue Dominique Estrosi Sassone qui a proposé d’inscrire à notre ordre du jour ce débat ô combien essentiel.
J’ai particulièrement apprécié son diagnostic comme j’ai apprécié sa citation de Charles Péguy, qui écrivait aussi, me semble-t-il, qu’« une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir ».
Monsieur le ministre, reconnaissons que, sur le terrain, beaucoup de nos éleveurs craignaient une éventuelle capitulation. Capitulation en matière de souveraineté alimentaire ; capitulation devant ceux qui utilisent toujours la biodiversité et le bien-être animal pour attaquer nos éleveurs sans jamais reconnaître le rôle essentiel de ceux-ci en la matière ; capitulation face à l’impossibilité supposée de modifier le statut de protection du loup au niveau européen.
Mais reconnaissons aussi que la mobilisation des éleveurs, des organisations professionnelles, des élus et des services de l’État sur le terrain, ainsi que la vôtre, monsieur le ministre, nous donnent l’espoir qu’il y aura plus d’actions que d’explications.
Vous vous êtes déplacé à Cluny en Saône-et-Loire au mois de juin dernier pour observer ce front de colonisation qu’est devenu notre département. Des centaines d’animaux ont été tués ou blessés : des ovins, mais aussi des bovins et des équins. Vous avez rencontré les éleveurs dont on a dit cet après-midi la détresse, la colère et le désespoir : ils vous ont dit et montré combien le plan Loup est inadapté à un territoire de bocage comme le nôtre, où les exploitations sont morcelées en plusieurs parcelles et les bêtes réparties en de nombreux lots.
Comment faire pour, à la fois, protéger les haies, réservoirs de biodiversité, les prairies, puits à carbone, mais aussi promouvoir l’élevage extensif au grand air, et parquer et faire croître les animaux en stabulation, grillager et électrifier ? La non-protégeabilité des exploitations est un problème récurrent en Saône-et-Loire.
Pour conclure, la feuille de route est bien connue : l’installation de filets, dont la mise en place n’est ni suffisante ni efficace chez nous ; la promotion des chiens patous qui ne peuvent pas courir après les loups en zone de bocage à cause des clôtures et des haies ; des tirs de défense, mais de nouveaux louvetiers qui hésitent parfois à appuyer sur la gâchette de peur que toutes les conditions réglementaires ne soient pas réunies.
Ma question est simple, monsieur le ministre. Vous avez très largement relayé ce que vous nous avez dit sur le terrain en juin. Beaucoup d’éléments vont dans le bon sens. Mais cette position est-elle bien celle de l’ensemble du Gouvernement ? Est-elle en particulier partagée par le ministre de la transition écologique ?