Intervention de Florence Lassarade

Réunion du 24 janvier 2024 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Situation des pêcheurs

Photo de Florence LassaradeFlorence Lassarade :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les agriculteurs souffrent, les pêcheurs aussi. En effet, dans le golfe de Gascogne, la pêche est interdite à tous les bateaux de plus de huit mètres pendant un mois.

Cet arrêt d'un mois doit se répéter pendant les hivers de 2025 et 2026 au nom de la protection des dauphins. Ainsi, plus de 450 navires resteront à quai pendant la période la plus prolifique pour les pêcheurs. C'est toute une filière qui est menacée.

Une décision du Conseil d'État visant à protéger les dauphins des captures accidentelles par des marins-pêcheurs est à l'origine de cette mesure radicale.

Pourtant, des dérogations avaient été initialement prévues et de nombreux pêcheurs avaient consenti à investir pour s'équiper de dispositifs de dissuasion acoustique et de caméras embarquées. En outre, d'autres solutions existaient. Les représentants de la filière avaient, par exemple, proposé la fermeture tournante des zones de pêche.

Mais l'interdiction de pêcher a été étendue à tous les navires européens et – cela était prévisible – a suscité de vives réactions. L'Association européenne des organisations de producteurs de poissons a appelé la Commission européenne à trancher. Elle estime, en effet, que cette décision unilatérale pénalise toute la filière pêche de l'Union européenne et considère que cette jurisprudence ne devrait s'appliquer qu'aux navires français. En attendant la décision de la Commission européenne, pendant un mois, les pêcheurs espagnols pourront tranquillement continuer de pêcher et concurrencer les Français.

Enfin, comble de l'absurde, la communauté scientifique européenne estime que, depuis vingt ans, la population des dauphins communs est stable et ne court aucun risque à court terme dans le golfe de Gascogne.

Dans la mesure où l'on prélèvera moins de produits de la mer, les prix sur les étals des poissonniers risquent de s'envoler et la part des poissons importés de progresser.

Monsieur le ministre, face à cette décision radicale, absurde, injuste et dispendieuse, que proposez-vous pour sauvegarder la filière de la pêche française et pour permettre aux pêcheurs professionnels de continuer d'exercer leur profession ? §

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