Monsieur le ministre, comme vous le savez, le pastoralisme est un mode d’élevage vertueux, qui favorise, en principe, le bien-être animal, procure des productions locales de qualité en viande, fromages et laitages, avec de nombreuses appellations d’origine protégée (AOP) et indications géographiques protégées (IGP), entretient les paysages, mais aussi les pistes de ski, comme c’est le cas chez moi, en Savoie, ou dans d’autres départements de montagne.
La prédation par le loup, à l’origine d’une énorme pression sur les éleveurs, leurs familles et leurs troupeaux, remet en question ces éléments positifs et bouscule une agriculture et une économie vertueuses. Comment, en effet, nos éleveurs pourraient-ils avoir envie de poursuivre leur activité, alors que 500 constats de dommages ont été dressés pour la seule année 2023 rien que dans mon département, dont seulement 300 avaient donné lieu à une indemnisation à la fin du mois de décembre. Les avances financières sont versées bien trop tard, ce qui oblige nos agriculteurs à effectuer des dépenses qu’ils ne peuvent plus assumer.
Si le loup exerçait déjà des ravages sur les troupeaux d’ovins depuis le début des années 1990, il s’en prend désormais aussi, depuis une petite dizaine d’années, aux troupeaux de bovins, ce qui accroît les pertes financières des éleveurs et entraîne aussi plus de souffrances animales. Les animaux tués se comptent déjà par centaines : près de 130 bêtes ont ainsi été tuées chaque année, et ce depuis deux ans, dans mon département.
Les bovins en alpage ne peuvent pas être protégés comme les ovins ou les caprins. C’est pourquoi un certain nombre d’expérimentations ont été mises en place dans le parc naturel régional des Bauges par exemple, en Savoie : colliers d’effarouchement, chiens de protection, autorisation de procéder à des tirs de défense simple sans attaque préalable. Cette dernière expérimentation semble être très efficace, si bien que la demande est forte pour qu’elle soit généralisée. À l’inverse, celle qui concerne le déploiement de chiens de troupeaux pour la protection des bovins n’est pas du tout souhaitée.
Aussi, monsieur le ministre, afin de faire baisser la pression que subissent les éleveurs et leurs troupeaux et de conserver cette formidable forme d’agriculture qu’est le pastoralisme, pouvez-vous me confirmer que le nouveau plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage permettra de généraliser les tirs de défense simple sans attaque préalable ? Permettra-t-il également d’accélérer les indemnisations et de débloquer suffisamment en amont les avances aux éleveurs, afin qu’ils ne soient plus pénalisés financièrement ?