… surtout lorsqu’il s’agit d’établir la stratégie énergétique qui engage l’indépendance de la Nation.
Aussi, nous voulons faire de la France la première économie décarbonée d’Europe à l’horizon de 2040.
Cela suppose d’avancer dans trois directions.
Premièrement, il nous faut d’abord viser la sobriété et l’efficacité énergétiques. Je commence par ce point, car je tiens à saluer les efforts qu’ont réalisés les ménages et les entreprises, avec lesquels nous avons gagné la bataille de la sobriété lors de l’hiver 2022-2023. Chacun fait des efforts, chacun fait attention à sa consommation d’énergie, et c’est la meilleure façon d’être indépendant.
Faire plus attention à l’énergie que nous consommons et récupérer l’énergie produite, par exemple, par les cimenteries ou les autres grandes usines consommatrices, pour alimenter le réseau de chauffage d’une ville ou d’une communauté d’agglomérations, voilà ce qu’est l’efficacité énergétique. Selon moi, la sobriété et l’efficacité énergétiques sont les éléments clés de notre stratégie.
Deuxièmement, il nous faut construire de nouveau des réacteurs nucléaires, afin de retrouver la grande ambition nucléaire qui a été au cœur de la souveraineté et de l’indépendance nationale au cours des dernières décennies.
Troisièmement, enfin, les énergies renouvelables font partie intégrante de notre stratégie. Nous devons accélérer dans ce domaine, car nous entrons dans une période où les réacteurs existants sont en fin de vie, alors même que les nouveaux ne sont pas encore disponibles, le premier d’entre eux devant être construit à partir de 2035.
Qu’on le veuille ou non, la réalisation d’un parc d’énergies renouvelables plus important est indispensable à l’indépendance de la Nation.
Que voulons-nous pour les Français ?
D’abord, nous voulons leur garantir la sécurité énergétique. Chacun l’a bien vu à l’occasion de la guerre en Ukraine, la dépendance énergétique à d’autres nations est la plus terrible des folies économiques. Par conséquent, nous devons renforcer notre indépendance.
Le défi, c’est de renforcer notre indépendance tout en étant capable d’augmenter massivement la part de l’électricité dans notre mix énergétique.
Nous le savons, la part du nucléaire dans l’électricité produite s’élève à 70 % ou à 75 %, ou plutôt à 60 % ou à 62 % désormais, mais nous oublions que 60 % du mix énergétique français – et c’est le chiffre sur lequel nous devrions fonder notre réflexion – est encore constitué d’énergies fossiles, alors même que nous n’en produisons plus !
Il faut donc réduire notre dépendance aux nations productrices, augmenter la part de l’électricité, c’est-à-dire doubler la part de l’électricité dans le mix énergétique français – elle s’élève actuellement à 27 % –, pour atteindre la neutralité carbone.
Cela suppose de réaliser des investissements absolument considérables, qui garantiraient toutefois à nos compatriotes la sécurité énergétique, la production sur notre territoire, l’indépendance en matière énergétique et la capacité à réindustrialiser la Nation.
Ensuite, nous devons garantir aux Français le coût le plus bas possible de l’électricité. Mesdames, messieurs les sénateurs, croyez-moi, ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai annoncé le rétablissement d’une partie de taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité. Simplement, si nous voulons garantir aux Français une capacité d’investissement, notamment dans les énergies renouvelables, il nous faut mettre fin au bouclier tarifaire sur l’énergie que nous avons mis en place pendant deux ans.
Nous ne pouvons pas faire reposer sur les épaules de l’État, c’est-à-dire sur les contribuables, le financement d’EDF ou des énergies renouvelables, qui était assuré auparavant par la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité.
Le montant de cette taxe s’élevait à 32 euros le mégawattheure avant la crise, nous l’avons baissée à 1 euro pendant deux ans. Nous la remontons progressivement, en la fixant à 21 euros au 1er février prochain. Nous sortirons définitivement du bouclier énergétique à compter du 1er février 2025.
À l’occasion de l’examen de cette proposition de loi contre le démantèlement d’EDF, je m’engage à ce que le prix de l’énergie soit stable pour les Français, lesquels seront moins exposés aux énergies fossiles, et à ce que le prix de l’électricité soit l’un des plus bas de tous les pays européens.
Je le redis, aucun démantèlement n’est prévu ; je suis le garant de l’unité de ce grand service public énergétique français.