« C’était l’année du bicentenaire de la Révolution, une année où l’on a cru que la démocratie libérale et le progrès universel triompheraient par eux-mêmes.
« Ma génération a vu l’inverse se produire.
« Parce que ma génération, partout dans le monde, voit son monde chamboulé plus fortement encore que toute autre avant elle, elle est en proie au doute – doute sur l’avenir de la planète ; doute sur son identité ; doute, ici, en France, sur qui nous sommes en tant que peuple et comme nation ; doute sur notre modèle social, nos services publics et notre démocratie.
« Notre responsabilité, celle de chacune et de chacun d’entre nous, est de puiser en nous la force d’identifier tous les ressorts pour surpasser ces doutes.
« Si nous sommes ici réunis, si nous nous engageons par-delà nos divergences et nos désaccords, c’est que nous avons un point commun, partagé par des dizaines de millions de nos concitoyens : nous voyons davantage de raisons d’espérer que de douter ; nous sommes prêts à affronter pour avancer.
« Mesdames, messieurs les députés, en m’exprimant face à vous, c’est en réalité à chaque citoyen de notre pays que je m’adresse. Et à travers vous, c’est à chacun de nos concitoyens que je veux dire : “Nous ne sommes pas n’importe quel pays”. La France n’a jamais été et ne sera jamais une nation qui subit, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain.
« Dans les pires moments de doute, de désarroi et de désunion, elle a montré sa solidité et son supplément d’âme qui fait d’elle une nation à nulle autre pareille.
« En cette année 2024, nous célébrerons les 80 ans du débarquement, moment de libération de la France et de secours pour des Français qui, pour la plupart, n’avaient jamais cessé de croire en elle.
« En cette année 2024, nous rouvrirons les portes de Notre-Dame de Paris, alors que l’image rétinienne des flammes reste si vive dans l’esprit des Français.
« En cette année 2024, nous accueillerons le monde, un monde bouleversé et divisé. Oui, nous accueillerons le monde à l’occasion des jeux Olympiques et Paralympiques.
« La France rime avec puissance. La France est un repère et un idéal. C’est un patrimoine, témoin d’une histoire millénaire. C’est un héritage moral, celui de la patrie où sont nés les droits de l’homme. C’est un modèle social protecteur, envié dans le monde entier.
« La France, c’est le pays de la création, que nous soutenons et qui nous fait rayonner. C’est la patrie de la recherche, à laquelle nous donnons des moyens sans précédent. C’est la nation de l’innovation, qui construit le monde de demain, celui de 2030.
« La France, ce sont nos jeunes qui osent et se lancent. Ce sont nos familles et toutes ces mères célibataires qui se battent et qui ne lâchent rien, jamais. Ce sont nos soignants, nos professeurs, nos forces de l’ordre, tous nos agents publics, nos militaires qui s’engagent pour quelque chose qui les dépasse.
« Ce sont nos artisans qui font rayonner nos savoir-faire. Ce sont nos agriculteurs et nos pêcheurs qui travaillent matin, midi et soir pour nous nourrir. Ce sont nos élus locaux, qui s’engagent et se donnent corps et âme pour leur territoire. Ce sont nos associations et nos bénévoles.
« La France, ce sont les 68 millions de Français de l’Hexagone, des outre-mer et de l’étranger qui n’ont pas fini de nous surprendre.
« Dans un monde où tout s’accélère et se transforme, je refuse, avec eux, que notre identité se dilue ou se dissolve. La France a son rang à tenir, sa voix à faire entendre et sa singularité à imposer. Nous avons une fierté française à maintenir et une fierté européenne à consolider : il nous faut affronter pour avancer.
« Les difficultés économiques et les bouleversements climatiques, démographiques ou géopolitiques ne nous figeront jamais et ne nous conduiront jamais à nous perdre. Ils ne signifient pas la fin de tout, mais le passage d’un monde à un autre – un passage difficile, douloureux et inquiétant à bien des égards, mais un passage que nous réussirons, j’en suis intimement convaincu.
« À ceux qui veulent y voir notre disparition, je réponds que j’y vois notre renaissance, parce que nous avons une identité et des valeurs.
« À ceux qui veulent y voir un triangle des Bermudes, je réponds que j’y vois un cap Horn, parce que nous savons où nous voulons aller. »