Je m'inscris totalement dans la continuité des deux orateurs précédents.
J'ai été très sensible au fait qu'au-delà de la dimension symbolique, extrêmement importante, et d'un appel naturel et légitime à une forme de devoir moral de l'Union européenne à l'égard de l'Ukraine, qui se bat pour des valeurs communes, vous ayez esquissé un discours positif grâce à votre conclusion sur l'aspect gagnant-gagnant du processus.
C'est ce type de discours qui faisait gravement défaut en 2004, et encore plus en 2013, lors de l'adhésion de la Croatie.
Il est très important d'insister sur les intérêts concrets. Vous avez parlé de sécurité alimentaire : ce sont des sujets qu'il faudra mettre en avant à la fois du côté des pays candidats, et du côté des États membres pour convaincre les opinions.
L'autre élément auquel j'ai été très sensible porte sur la nécessité de procéder en commun, avec les autres pays candidats, même si une saine émulation est sans doute utile.
Si l'on regarde les élargissements précédents, même en remontant à la France du général de Gaulle, on constate que quelques questions bilatérales peuvent bloquer un processus d'élargissement. En 2004, les Tchèques ont connu des différends avec l'Allemagne et l'Autriche, en matière mémorielle et de nucléaire. La Slovénie a connu quelques tensions avec l'Italie, etc. Aujourd'hui, trois pays membres pourraient contester l'élargissement : la Hongrie, la Slovaquie et peut-être les Pays-Bas. Existe-t-il, du côté ukrainien, une stratégie de travail bilatérale sur la question mémorielle, notamment pour un pays très engagé en faveur de l'Ukraine comme la Pologne ? On sait que ces sujets peuvent resurgir plus tard dans les processus.
À court terme, quels sont les gestes ou les gages que l'Ukraine pense pouvoir mettre en avant pour convaincre les pays potentiellement réticents à l'ouverture des négociations ?
Par ailleurs, vous avez évoqué l'idée selon laquelle tous les pays candidats, dont ceux des Balkans occidentaux, devraient agir de concert. L'Ukraine a-t-elle une stratégie de travail avec les pays des Balkans occidentaux ?
Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'Ukraine a pris le rôle de locomotive dans ce processus, mais je sens aussi beaucoup d'interrogations de la part des pays des Balkans occidentaux concernant le fait d'être doublés par l'Ukraine. Pourriez-vous développer ce point ?
Enfin, pensez-vous que la méthode d'élargissement, telle qu'elle a été pratiquée jusqu'ici, est adaptée ? Quel est votre point de vue sur la façon de repenser les modalités du processus d'élargissement autour de l'idée d'intégration différenciée ou d'adhésion par étapes ?