La diaspora compte un million de Moldaves dans les pays de l'Union européenne et en Russie. Ces personnes restent des citoyens moldaves.
La diaspora, lors des élections de 2021, a voté en faveur de la démocratisation et de la transformation du pays. Le vote de la diaspora a eu un impact sur le résultat final des élections en Moldavie. Il est très clair que la plupart des citoyens adhèrent toujours au projet national d'intégrer l'Union européenne.
La diaspora compte énormément, mais il existe en Moldavie différentes opinions. La Moldavie a construit un modèle pacifique de coexistence entre plusieurs ethnies et la plupart des citoyens ont fait leur choix en soutenant le changement du pays et le rapprochement avec l'Union européenne.
Il est vrai que la Moldavie englobe la Transnistrie et l'unité territoriale de Gagaouzie, où nous avons eu cette année l'élection du gouverneur. On a constaté que plusieurs personnes ont subi des pressions. Une enquête est en cours, et la présidente n'a pas encore signé le décret présidentiel pour la nomination du gouverneur. Les citoyens ont cependant pu s'exprimer librement et de façon transparente.
Pour ce qui est de l'influence de la Russie, nous avons eu en novembre des élections locales. Pour la Moldavie, la guerre n'est pas seulement à sa frontière : il s'agit aussi d'une guerre hybride, avec une désinformation et une propagande constante à l'intérieur. Ainsi, 80 % des médias télévisuels, jusqu'à l'année passée, étaient retransmis de Russie.
À la fin de l'année dernière, grâce aux modifications législatives et aux décisions prises par le Conseil de l'audiovisuel, six chaînes russes retransmises en Moldavie ont été suspendues. À la suite des dernières décisions de la commission sur les situations exceptionnelles en Moldavie, plusieurs chaînes ont été suspendues temporairement sur notre territoire.
Il est très compliqué de faire face à toute la désinformation. Pour la Moldavie, le code audiovisuel prévoit seulement le contrôle des médias classiques - presse écrite, télévision et radio, à l'exception des médias en ligne.
Les autorités ont pris l'initiative de créer un centre de communication stratégique, qui vient de nommer son nouveau directeur. C'est l'un des éléments sur lesquels nous allons travailler avec la France, en tenant compte de toute l'expertise qui a déjà été mise en oeuvre.
Lutter contre la désinformation reste un défi constant et très préoccupant, mais nous avons pu développer plusieurs outils pour y faire face.
Comme vous le savez, le Parlement compte deux partis d'opposition, le parti socialiste et le parti ?or, qui a été déclaré inconstitutionnel. Son président, qui a été convaincu de fraude bancaire, se trouve en Israël. Les autorités ont demandé son extradition. Cette opposition a le droit de s'exprimer, mais elle présente plusieurs aspects inquiétants pour les autorités.
S'agissant du conflit en Transnistrie, les autorités se sont toujours attachées à la recherche d'une solution pacifique dans le format 5+2. Celui-ci ne peut se réunir compte tenu du fait que deux parties sont belligérantes. Ce n'est cependant pas un conflit entre les populations. Par exemple, les écoles restent sous notre administration. Certaines personnes travaillent d'un côté, mais habitent de l'autre. Plusieurs citoyens de la région ont aussi la citoyenneté roumaine.
Le projet de transformation du pays et le fait de vivre en paix sont le choix de la population, sans distinction entre l'unité territoriale de Gagaouzie ou la Transnistrie. Nous avons tous des relations avec les deux régions, qui sont notre territoire, notre pays.
Je crois qu'il est sage d'éviter toute distinction entre les territoires, car la Moldavie doit être intégrée dans son ensemble. C'est un processus graduel, qui a commencé. Lorsqu'on a négocié l'accord de coopération économique avec l'Union européenne, on n'a pas pensé uniquement à Chi?inãu, mais aussi à la Transnistrie.
Les citoyens de Transnistrie qui ont un passeport moldave voyagent aujourd'hui en Europe ou dans les autres pays. Grâce à la diplomatie et au dialogue, on peut parvenir à résoudre le conflit sans que cela ne constitue un souci pour nous, les partenaires, la France ou l'Union européenne.
La réforme de la justice et la lutte contre la corruption restent la priorité de la présidente, du nouveau gouvernement et du Parlement.
Nous avons attendu dix ans pour changer la Constitution. La nomination des magistrats au Conseil supérieur de la magistrature a pris plusieurs années, mais a été possible grâce au partenariat oriental, au soutien de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe. Grâce à cette modification, la Moldavie a adopté le système de pre-vetting, qui permet de vérifier la situation de tous les candidats au Conseil supérieur de la magistrature et qui fonctionne.
La guerre a accéléré les choses et on a compris qu'il fallait avancer le plus rapidement possible pour conserver nos valeurs et échapper à la guerre.
Il est normal que différentes opinions s'expriment, mais il est de notre rôle de convaincre toute la population car tous souhaitent aujourd'hui une meilleure situation. Le soutien politique et diplomatique à la Moldavie est sans précédent. Nous n'avons jamais reçu un tel soutien de la France. Il est très important de transformer ce soutien en actions concrètes pour que la population comprenne ce que signifie le rapprochement avec l'Union européenne.
C'est pourquoi nous sommes très reconnaissants envers la France pour l'aide qu'elle nous a apportée au sujet des frais d'itinérance ; nous demandons aussi la reconnaissance du permis de conduire moldave pour les citoyens moldaves qui travaillent temporairement ou voyagent en Europe et en France. C'est grâce à des éléments concrets qu'on pourra faire adhérer graduellement la Moldavie à l'Union européenne.
En combien de temps ? Je ne peux donner de date précise. Sur le plan politique, plusieurs opinions s'opposent. En tant que juriste et économiste, je reste optimiste en pensant que les choses devraient se faire le plus rapidement possible. Les Moldaves seront fiers de transformer le pays pour qu'il devienne membre de l'Union européenne.