Effectivement, dans ce contexte de tension, ce mouvement social et professionnel à l'échelle européenne témoigne du désarroi des agriculteurs. Les revenus des agriculteurs évoluent de façon désastreuse année après année, et l'agriculture compte de moins en moins d'agriculteurs, car elle voit disparaître de nombreuses exploitations. De façon encore plus dramatique, les suicides d'agriculteurs atteignent un nombre sidérant, sans équivalent dans d'autres milieux professionnels.
En effet, il faut prendre en compte la concurrence déloyale des importations et ces accords de libre-échange ne comportant pas de clauses miroirs sérieuses, comme les réponses du ministre Fesneau hier, lors de la séance de questions au Gouvernement, en témoignent encore. Ne le nions pas, il faut aussi tenir compte de l'empilement de contraintes administratives qui pèsent sur les agriculteurs.
Ne pensons pas sortir de cette crise uniquement avec des réponses à court terme, au détriment de la nécessité de faire bouger les lignes à long terme et de prendre en compte la planification écologique. Il est difficile, dans ce contexte de désarroi, de s'entendre dire de façon moralisante qu'il faut changer les pratiques. Pour répondre à ces crises, un accompagnement solide est nécessaire, notamment de vraies mesures de garantie des revenus et une réorientation des aides de la PAC, qui doivent être plus justes, aller vers les agriculteurs qui éprouvent de fortes difficultés et qui font des efforts pour être accompagnés vers la transition.
La transition bas-carbone constitue un défi complexe. La publication de l'avis du Haut Conseil pour le climat intervient au bon moment pour éviter des réponses de court terme et réduire le risque d'avoir affaire à des révoltes similaires dans quelques années. Ne perdons pas de vue l'essentiel: nous devons continuer à réduire les émissions provoquées par la production agricole, à augmenter la capacité de stockage des sols, à préparer les efforts d'adaptation au changement climatique tout en poursuivant des exigences sociales et économiques pour que l'on puisse vivre de l'agriculture.