Comme je le dis toujours : l'environnement, bien entendu, la transition, bien évidemment, mais moins vite et moins fort. Je le dis aussi à Bruxelles : on ne laisse pas assez le temps au temps. Les agriculteurs font de nombreux efforts ; d'ailleurs ils seraient fous de ne pas vouloir changer de pratiques ni employer des produits de substitution. Mais la recherche n'est pas encore au point, et il faut nourrir la France et la planète, en tenant compte aussi des incidences géopolitiques de cette situation. Quelque 750 000 tonnes de sucre arriveront d'Ukraine l'année prochaine, soit deux ou trois fois plus que l'année dernière, sans être soumises à aucune taxe.
Plusieurs agriculteurs de mon département se sont lancés dans l'agriculture biologique. Or ils sont contraints de jeter plus de la moitié de leur production, faute de marché, car ces produits sont trop chers.
L'augmentation des surfaces et des cheptels s'explique par ailleurs par la recherche de revenus. Cet agrandissement est indispensable si l'on veut obtenir du volume. Les jeunes agriculteurs se heurtent aux difficultés liées au foncier, notamment. Leurs parents sont dans l'inquiétude, d'autant que, si l'endettement a toujours été un enjeu pour les exploitations agricoles du fait du coût important du matériel, on parle aujourd'hui de surendettement. Il faudrait en outre du matériel de plus en plus sophistiqué pour répondre aux enjeux de la transition écologique, ce qui implique des investissements considérables.
De plus, outre la concurrence extérieure à l'Union européenne, il existe une concurrence interne très lourde, accentuée par le coût très élevé de la main d'oeuvre en France. À chaque loi de finances, nous demandons d'ailleurs toujours un accompagnement pour les agriculteurs.
Les agriculteurs ont toujours manifesté, mais ce mouvement est différent ; je sens qu'ils ont atteint leurs limites.