Intervention de Laurence Boone

Commission des affaires européennes — Réunion du 21 décembre 2023 à 9h05
Institutions européennes — Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023 - Audition de Mme Laurence Boone secrétaire d'état auprès de la ministre de l'europe et des affaires étrangères chargée de l'europe

Laurence Boone, secrétaire d'État :

D'autres États membres rencontrent le même type de problèmes. C'est, du reste, la raison pour laquelle nous avons engagé cette réflexion sur le FSUE. Si vous souhaitez aborder les difficultés propres aux Hauts-de-France, monsieur le président, je me tiens évidemment à votre disposition pour que l'on tente de trouver une solution.

J'en reviens aux questions que l'on m'a posées concernant le Pacte sur la migration et l'asile.

Il me semble que, au vu des divergences entre États membres, nous avons trouvé un compromis acceptable, dont chacun devrait se réjouir. Cela fait dix ans que l'on patauge dans ce domaine, car nous faisons face à un petit groupe de pays très hostiles à tout flux migratoire - je me souviens de cinq ou six pays, que je ne citerai pas, qui souhaitaient construire des murs, mettre en place des barbelés, etc. Nous avions, à l'époque, résumé notre position par le slogan : « pas de briques, pas de mortier et, donc, pas de mur ».

Madame Ollivier, vous avez parlé d'un « filtrage » des migrants. En réalité, au moins deux catégories de personnes demandent à entrer sur le territoire de l'Union : d'un côté, il y a les demandeurs d'asile qui viennent de pays où ils sont menacés pour des motifs divers - persécution religieuse, guerre, etc. - ; de l'autre, il y a des individus qui se présentent aux frontières de l'Union, simplement parce qu'il s'agit pour eux d'une voie de passage, en vue d'une migration économique. Ces derniers, contrairement aux demandeurs d'asile, se font immanquablement refouler et doivent alors retourner dans leur pays : il ne s'agit donc pas d'un filtrage selon la nationalité des migrants, mais de procédures de retour normales pour faire face à la hausse de cette migration de nature économique. Celles-ci sont, certes, souvent accélérées, mais c'est parce que notre priorité est de désengorger les services qui traitent les demandes d'asile.

Vous avez également parlé d'un « fichage » : il est normal que les personnes qui se présentent aux frontières de l'Union soient enregistrées, qu'on leur fasse passer des tests sanitaires - beaucoup d'entre elles sont malades -, ou sécuritaires. Cette procédure nous permet de traiter les demandes plus rapidement que par le passé, ce qui, d'une certaine manière, contribue à un traitement plus humain des situations. J'ajoute que ce « fichage » ne concerne que les familles : les mineurs non accompagnés en ont été exclus. C'est la preuve que nous veillons à un certain équilibre en la matière. Enfin, il ne faut pas oublier les quelques avancées que nous avons obtenues : gratuité du conseil juridique aux migrants, meilleur accompagnement des demandeurs, et attention particulière aux solutions d'hébergement pour les familles qui ont déposé une demande d'asile. À mon sens, une véritable solidarité s'est manifestée entre les Vingt-Sept en matière d'asile et de migration alors que, comme vous le savez, c'était loin d'être évident, en raison notamment du blocage de la Hongrie et de la Pologne.

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