Intervention de Michel Tsimaratos

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 18 janvier 2024 à 9h35
Audition de l'agence de la biomédecine sur les évolutions récentes des connaissances et des techniques dans les domaines relevant des lois de bioéthique

Michel Tsimaratos :

Le problème est aussi géopolitique. Quand vous envoyez votre demande par la poste, on vous envoie une réponse génétique, sous la forme d'une carte, qui annonce que vous êtes à 10 % originaire du bassin méditerranéen, à 5 % d'un autre endroit, etc. Imaginons que l'entreprise constitue un recueil global de l'ensemble de ces données. Elle en déduit une carte avec des impacts potentiels considérables, par exemple pour l'industrie pharmaceutique. On sait déjà qu'il y a 50 % de consanguinité dans la péninsule arabique. On peut déjà dire quelles maladies s'exprimeront dans les trente prochaines années. Ceci veut dire qu'on peut aussi dimensionner une réponse industrielle (médicaments, services de soins, etc.) à ce qui va se passer. On sait qu'aux États-Unis, il se trouve 38 % de pré-obèses à l'âge de vingt ans. Sanofi, par exemple, est capable d'organiser sa production d'antidiabétiques et de médicaments contre l'obésité. Si à cela on ajoute les gènes de susceptibilité de développer une insuffisance rénale chronique, qui va être accélérée par le diabète, on arrive à une transformation de la base de connaissances qui va permettre à certaines entreprises, ou parfois à certaines visées politiques peut-être plus globales, de s'appuyer sur quelque chose qui a été généré par notre envie de faire un cadeau amusant, par exemple pour confirmer une ascendance grecque ou arménienne. En réalité, ce n'est pas si simple que ça et cela entraine un risque global pour la société. C'est ce qu'on essaie de mettre en avant dans notre communication, sans jeter un vent de panique. Vous verrez en effet dans la bande-annonce et dans le film, si vous allez le voir, que tout cela est abordé par le biais sociétal et la question « Est-ce que je viens vraiment de là où je pense venir ? »

Notre position, depuis que l'on traite de ce sujet, est de générer de la connaissance à haute valeur ajoutée, c'est-à-dire de privilégier la connaissance à la notoriété. Il ne s'agit pas de faire beaucoup de vues sur les réseaux avec des petites phrases. Cela donne certes beaucoup de visibilité, mais il est plus difficile de produire du contenu de haute valeur ajoutée sur lequel on peut appuyer une réflexion, pour aboutir à une stratégie. Quand on ne s'appuie que sur la recherche de notoriété, on sait bien quelles difficultés peuvent apparaître. Nous avons organisé toute notre communication scientifique et institutionnelle sur ce principe, avec une information complète du grand public par le biais des réseaux, et une information spécifique du Parlement et du Gouvernement, des professionnels et des associations, à travers un spectre de publications visant à toucher tout le monde. Il existe aujourd'hui un potentiel de visibilité grâce aux réseaux sociaux d'une force inimaginable quand on la compare à ce qui se faisait précédemment.

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