Intervention de Alain Joyandet

Réunion du 22 février 2010 à 14h30
Accord international de 2006 sur les bois tropicaux — Adoption d'un projet de loi

Alain Joyandet, secrétaire d'État :

Monsieur le sénateur, l’État attache évidemment une grande importance à la forêt de la Guyane, comme à celles des autres régions françaises d'ailleurs.

Je voudrais tout d’abord remercier M. le rapporteur du travail qu’il a accompli. Pour avoir eu l’occasion de m’entretenir souvent des forêts avec lui, je puis confirmer qu’il connaît bien cette question, même s’il est naturellement moins au fait de la situation guyanaise que vous !

Monsieur Antoinette, la question que vous posez s’adresse peut-être plus directement à mon collègue le ministre de l’agriculture, mais je souhaite vous apporter quelques éléments de réponse.

Tout d’abord, l’attention que portent les pouvoirs publics à la gestion forestière est entière. Comme vous l’avez d’ailleurs rappelé tout à l’heure, monsieur le sénateur, dans le cas de la Guyane, cette action est menée par l’ONF, qui s’est engagé depuis plusieurs années dans un processus de certification des forêts dont il assure la gestion.

Il existe à ce jour deux principaux labels d’éco-certification : le PEFC, qui est principalement utilisé en France et en Europe, et le FSC, qui est surtout mis en œuvre dans les forêts tropicales.

Le PEFC labellise à la fois un mode de gestion et l’ensemble des acteurs de la filière ; il permet de garantir la qualité d’une forêt. L’ONF prévoit que la certification PEFC pourra être accordée à la Guyane en avril ou en mai 2010, c’est-à-dire d’ici à quelques semaines.

Les démarches sont plus longues pour la labellisation FSC, puisque celle-ci concerne les forêts les unes après les autres. Les travaux sont bien engagés pour la forêt du massif de Régina-Saint-Georges, qui compte environ 500 000 hectares.

La totalité du domaine national forestier de la Guyane sera donc bientôt labellisée, et cela dès 2010 en ce qui concerne la certification PEFC. Ces efforts contribuent au développement actif de la filière du bois. Celle-ci, aujourd'hui, représente environ un millier d’emplois ; elle a connu une forte croissance ces dernières années, en lien avec la demande de constructions en bois.

Comme vous le souligniez tout à l'heure, monsieur le sénateur, il existe de nombreuses essences dans la forêt guyanaise, mais quatre d’entre elles représentent à elles seules 80 % du volume du bois exploité, ce qui constitue d’ailleurs un certain handicap économique et environnemental ; c’est à ce problème que M. le rapporteur faisait allusion tout à l'heure, me semble-t-il.

Afin de surmonter ce handicap, un important travail de classification est actuellement réalisé, notamment par la chambre de commerce, qui devrait permettre d’introduire plus de variété dans les commandes qui sont passées.

En tout cas, il convient que les donneurs d’ordre publics commandent des essences davantage diversifiées. À ce stade, les produits dits « non ligneux », qui correspondent aux produits forestiers autres que le bois, n’ont pas encore donné lieu à un développement industriel.

Il est nécessaire enfin que nous restions vigilants et surveillions les autorisations relatives aux recherches d’origine étrangère. Dans ce domaine, je signalerai des projets de développement harmonieux pour l’utilisation d’essences de bois, par l’université de Cayenne et certaines entreprises locales.

Je souhaite rappeler le rôle important que joue la forêt guyanaise dans la lutte contre le changement climatique. La Guyane peut avoir un rôle moteur régional, mais aussi international, en ce qui concerne la prise en compte du climat dans la gestion forestière, y compris en matière de technologie.

Monsieur le sénateur, sous réserve des compléments que le ministre de l’agriculture pourra vous apporter, je constate donc que la gestion du domaine forestier en Guyane est rigoureuse et répond à la fois à un souci environnemental et à une logique de développement économique responsable.

Voilà, monsieur le sénateur, les quelques éléments de réponse que je peux vous apporter et qui vous rassureront, je l’espère, quant à l’attention portée par le Gouvernement à la forêt guyanaise.

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