Madame la présidente, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, « la lutte contre l’absentéisme scolaire est une priorité absolue ». C’est par ces mots que le Président de la République a, le 5 mai dernier, affirmé la détermination du Gouvernement à mener un combat sans répit contre un fléau en augmentation constante depuis dix ans. Ce fléau ruine dès l’adolescence des milliers de vie en devenir, sape les bases mêmes de la construction et de l’accomplissement de l’individu, et détruit les liens du vivre-ensemble.
Nous ne pouvons en effet accepter que 120 000 élèves quittent, chaque année, l’école sans diplôme, sans qualification, avec le chômage comme unique perspective.
Chaque cas d’absentéisme est évidemment un cas spécifique, auquel il faut apporter une réponse adaptée. Malgré la diversité des situations, on retrouve toujours les quatre mêmes acteurs : l’institution scolaire, les collectivités locales, l’élève et, bien sûr, sa famille, cette dernière étant au cœur du sujet. C’est pourquoi, dans la réponse globale et plurielle que nous apportons à l’absentéisme scolaire, nous avons toujours placé la famille au centre de nos dispositifs.
Mesdames, messieurs les sénateurs, l’absentéisme n’est pas une fatalité sociale. Les parents ont une responsabilité considérable dans l’assiduité de leurs enfants. Aucune école ne peut fonctionner sans l’attention constante et la participation des parents. Aider et responsabiliser les familles, tel est le moteur commun de toutes nos actions pour lutter contre l’absentéisme scolaire. Et ces actions sont nombreuses.
Pour renouer le dialogue avec les familles, nous avons demandé à tous les personnels de l’éducation nationale de se mobiliser. Les premiers concernés sont évidemment les chefs d’établissement et les conseillers principaux d’éducation, qui suivent au plus près, heure par heure, les absences des élèves.
Depuis le 1er février 2009, 5 000 postes de médiateurs de réussite scolaire ont été créés dans les établissements les plus sensibles. Leur mission première est de faciliter le dialogue avec les parents les plus éloignés de l’école et d’établir une compréhension mutuelle entre l’école et les familles.
Le repérage des absences fréquentes qui débouchent sur le décrochage scolaire est également capital. Optimiser le retour des informations, gagner en efficacité, c’est pouvoir engager plus rapidement le dialogue avec les familles et la mise en œuvre d’une « remédiation ». C’est pourquoi nous avons mis en place un nouveau logiciel, baptisé SDO, pour « suivi de l’orientation ». D’ores et déjà opérationnel, il équipera tous les établissements à compter de 2011. Il permettra des progrès considérables dans le repérage précoce des élèves susceptibles de décrocher et facilitera leur suivi. Grâce à lui, nous gagnerons souvent des mois dans l’accompagnement des « décrocheurs », autant de temps qui permettra de construire un projet de remédiation adapté avec l’élève, sa famille et les représentants de l’école.
Un autre dispositif a démontré toute son efficacité : c’est la « mallette des parents ». Expérimentée l’année dernière dans l’académie de Créteil, cette initiative vise à mieux impliquer les familles, parfois très éloignées du monde de l’école, dans la scolarité de leur enfant, à améliorer le dialogue entre les parents d’élèves et l’école par des rencontres avec le principal, les enseignants, les surveillants, et par des modules de formation.
L’expérience a été évaluée par l’École d’économie de Paris, qui l’a jugée très concluante puisqu’une baisse générale de l’absentéisme et une réduction des exclusions temporaires et des avertissements ont été constatées. Ces résultats ont une explication : les parents ont été impliqués dans le projet éducatif de leur enfant. Cette politique démontre, s’il le fallait encore, que l’absentéisme ne relève pas de la fatalité sociale et que la responsabilisation des parents a une influence considérable sur l’assiduité des enfants.
Pour amplifier ce succès, j’ai décidé que la « mallette des parents » serait, cette année, étendue à toutes les académies et organisée dans 1 300 collèges.
Enfin, je tiens à rappeler que notre recherche du dialogue ne s’arrête pas aux portes de l’école. Ma collègue Nadine Morano, secrétaire d’État chargée de la famille et de la solidarité, a annoncé au mois de mai dernier que son ministère débloquerait 53 millions d’euros, d’ici à 2012, dans le cadre des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents pour les familles en difficulté face à l’absentéisme de leur enfant. C’est bien, là encore, la preuve que l’ensemble du Gouvernement est mobilisé pour lutter contre le fléau de l’absentéisme scolaire.
Nous avons aussi souhaité apporter des réponses pertinentes aux cas des élèves que l’absentéisme a menés sur la voie de la déscolarisation et de la désocialisation et qui ont déjà bénéficié de toutes les possibilités de prise en charge prévues au sein des collèges, que ce soit l’aide ou le soutien scolaires.
Pour ces élèves en grande difficulté, nous avons mis en place 443 dispositifs relais lors de l’année scolaire dernière. Pendant une durée qui variait de quelques semaines à plusieurs mois, ces structures ont accueilli plus de 8 000 élèves au sein de classes et d’ateliers à très petits effectifs. Ce cadre est idéal pour les raccrocher aux fondamentaux de la scolarisation.
Nous avons aussi créé une structure scolaire expérimentale, le micro-lycée, initiée d’abord dans chacun des départements de l’académie de Créteil. Depuis la rentrée, chaque académie compte désormais un micro-lycée. J’étais lundi dans l’académie de Nice, où j’ai pu découvrir le micro-lycée instauré au sein du lycée Pierre-et-Marie-Curie de Menton. Ce dispositif permet de proposer du sur-mesure, c’est-à-dire un accompagnement personnalisé au plus près des besoins de chaque élève.
Du reste, je tiens particulièrement à cette notion de personnalisation : elle est au cœur des réformes mises en œuvre depuis 2007 et constitue un outil efficace pour lutter contre la démotivation, qui est souvent le prélude à l’absentéisme. À cet égard, je rappelle la réforme de la voie professionnelle au lycée, généralisée en 2009, et, depuis cette rentrée, la mise en œuvre de la réforme du lycée général et technologique, qui prévoit deux heures par semaine d’accompagnement personnalisé pour chaque élève.
Toutes ces actions visent un objectif : que les élèves puissent s’engager dans un parcours de réussite, qui corresponde à leurs goûts, à leurs talents, à leurs projets, et qui leur garantisse, à terme, une insertion professionnelle et sociale ; …