…a au moins le mérite de nous faire prendre conscience des facettes multiples du risque d’autodestruction auquel sont exposés nos concitoyens, spécialement les plus jeunes : tabac et alcool, disais-je, mais aussi cannabis, héroïne, cocaïne, et même jeux de hasard et jeux vidéo.
En effet, les pratiques « addictives » évoluent. Les chiffres montrent que leurs victimes sont de plus en plus jeunes. On soigne aujourd’hui des adolescents, voire des préadolescents, dépendants à une substance, ou à plusieurs, les mélanges étant fréquents. J’en citerai deux : le cannabis et le tabac ; les médicaments et l’alcool.
Les pratiques de consommation de certaines substances semblent évoluer vers une absorption toujours plus importante, toujours plus fréquente. Ainsi, l’ingestion rapide d’alcool dans le but de se saouler, sur le mode anglais du binge drinking, comportement pouvant conduire au « chaos éthylique », est devenue une pratique aussi visible qu’inquiétante. Certaines drogues se banalisent, jouissant même d’une forme de bienveillance dans l’opinion publique. D’après la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la MILDT, 150 000 personnes fument plus d’un « joint » par jour. Le risque de désocialisation est alors bien réel.
Les conséquences de tous ces comportements sont multiples et destructrices. Cancers et autres pathologies liées au tabac et à l’alcool, problèmes cardiaques liés à la cocaïne, overdoses, tous ces maux sont potentiellement mortels. Et il faut également songer à ceux dont la vie sera brisée du fait d’une addiction : un cas de schizophrénie sur dix est directement imputable à la consommation excessive de cannabis. La maladie, qui touche essentiellement les jeunes, accompagnera ces derniers tout au long de leur vie. S’il est vrai que le cannabis cause directement peu de morts, le débat sur sa nocivité est, chacun l’admet aujourd'hui, bien dépassé. Notre pays ne peut s’enorgueillir de figurer dans le trio de tête de la consommation de cannabis chez les adolescents en Europe.
Même des drogues dont on pensait avoir contrôlé la consommation se répandent. La cocaïne est vendue par les mêmes réseaux que le cannabis et n’est plus cantonnée aux classes urbaines aisées. Elle pénètre désormais dans toutes les catégories sociales. De même, l’héroïne, dont la progression avait été un temps limitée par la prescription de produits de substitution, semble aujourd’hui attirer une nouvelle génération d’utilisateurs jeunes ; certes, ceux-ci ont moins recours à l’injection, ce qui les protège des maladies transmissibles par les seringues usagées, mais ils se tournent vers cette drogue devenue moins chère du fait de l’essor de la production, notamment afghane, semble-t-il.
Notre pays ne peut se mettre à l’abri des drogues derrière de hauts murs. Malgré l’action internationale de la France et la vigilance du service des douanes, les opiacés produits en Asie, la cocaïne fabriquée en Amérique du Sud trouvent leur chemin dans nos villes et jusque dans nos campagnes. Pis, 15 % du cannabis consommé en France est désormais produit sur le territoire national, à l’aide de matériel en vente libre, sur Internet ou dans des magasins ayant pignon sur rue.