Intervention de François Autain

Réunion du 11 juin 2008 à 15h00
Lutte contre les addictions — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de François AutainFrançois Autain :

Cette mesure, pour être réellement efficace, devrait s’accompagner de campagnes d’information auprès du public et des médecins, comme cela a déjà été le cas à titre expérimental dans le Nord–Pas-de-Calais avec des résultats encourageants.

Venons-en à présent à la mise en œuvre du plan 2007-2011 de prise en charge et de prévention des addictions. Je souhaiterais vous poser un certain nombre de questions à son sujet, madame la ministre.

Dans le cadre de ce plan, la Haute autorité de santé a rédigé plusieurs recommandations à destination des professionnels et des institutions. Ces recommandations, rendues publiques en mai 2007, préconisaient notamment « d’inciter chaque établissement de santé, public ou privé, à s’organiser pour effectuer des sevrages thérapeutiques [...] en particulier dans le cadre d’unités de soins addictologiques ». Cette recommandation a-t-elle été suivie ?

Des équipes de liaison ou de consultations en addictologie ont-elles été mises sur pied dès 2007 dans tous les hôpitaux, comme cela avait été promis ?

À ce propos, j’ai appris que la décision pourrait être prise par les directions des hôpitaux et les agences régionales de l’hospitalisation, les ARH, de diminuer de moitié l’enveloppe de crédits destinée à ces équipes hospitalières de liaison pour l’année 2008. Pouvez-vous me le confirmer ? Cela ne risque-t-il pas de nuire à leur bon fonctionnement ?

Le plan 2007-2011 de prise en charge et de prévention des addictions prévoit la création de cinq pôles d’addictologie en 2007, ainsi que celle de quatre centres de soins d’accompagnement et de prévention. Cela a-t-il été fait ?

En outre, la commission compétente de la Haute autorité de santé a rappelé la nécessité de renforcer les formations initiale et continue des professionnels dans la prise en charge des addictions. Ces formations devraient s’inscrire dans le cadre de l’adaptation du contenu des enseignements universitaires, comme le préconise le plan Addictions 2007-2011. Madame la ministre, comment comptez-vous mettre en œuvre cette mesure ?

Je remarque enfin que la part nouvelle accordée à la prévention dans le plan Addictions 2007-2011 reste faible. Elle consiste, pour l’essentiel, en des actions publicitaires. J’attire votre attention, madame la ministre, sur la nécessité de mettre en œuvre une véritable politique d’éducation pour la santé de terrain.

J’espère également que vous prendrez en considération, dans la réforme des agences régionales de santé que vous comptez mener, la spécificité des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, les CSAPA. Ceux-ci, pour fonctionner correctement, doivent rester à taille humaine afin de permettre un accompagnement de proximité. Il ne doit pas être question de les faire disparaître dans de grandes structures impersonnelles qui saperaient leur efficacité.

De manière générale, il ne faut négliger ni l’importance ni la spécificité du secteur médico-social en termes de lutte contre les addictions. C’est lui qui est présent sur le terrain. C’est lui qui se tient aux postes de consultation avancés, y compris dans les déserts médicaux.

Avant de conclure, il me semble nécessaire d’évoquer, madame la ministre, un fait d’actualité récent, qui amène à s’interroger sur la cohérence de la politique gouvernementale en matière de protection de la santé de nos concitoyens. Il s’agit de l’autorisation de mise sur le marché accordée à la boisson par la ministre de l’économie et des finances.

Pendant treize ans, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, l’AFSSA, s’était opposée à la distribution en France de cette boisson, composée notamment de caféine à forte dose, de taurine et d’une substance sécrétée naturellement par le foie, la glucuronolactone.

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