Intervention de François Autain

Réunion du 11 juin 2008 à 15h00
Lutte contre les addictions — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de François AutainFrançois Autain :

Je sais, madame la ministre, que vous êtes parfaitement au courant des effets indésirables soulignés par l’AFSSA, effets qui plaident en faveur du maintien de son interdiction : neurotoxicité, effets sur le système cardiovasculaire, troubles neuropsychiques.

Dans un courrier adressé au Premier ministre au mois d’août 2007, courrier qui a été divulgué par la presse, vous évoquiez à juste titre « un faisceau d’indices en faveur de l’existence d’un risque, notamment des suspicions de décès ». Cela reste encore aujourd’hui tout à fait justifié. De surcroît, deux études récentes démontrent que la boisson n’est pas sans lien avec la dépendance à l’alcool, et ce en particulier chez les jeunes.

Madame la ministre, vous avez souligné le 22 mai dernier que « l’alcool est la première addiction chez les jeunes », tout en constatant, pour le déplorer, « un changement des conduites d’alcoolisation des jeunes, avec des phénomènes d’alcoolisation massive, brutale ».

Avec l’arrivée sur le marché français du ou d’autres boissons du même type sont commercialisés, leur « consommation associée à l’alcool est importante », ce type de boisson ayant pour effet de « diminuer la perception, mais pas la réalité de l’intoxication alcoolique ».

La seconde étude, menée en Caroline du Nord et publiée le mois dernier, prouve que les jeunes consommateurs de produits énergisants type présentent au moins deux fois plus de risques de développer une dépendance à l’alcool nécessitant le recours à des cures de désintoxication que ceux qui en sont préservés.

J’ai appris par la presse que la commercialisation du pourrait être assortie d’un suivi réalisé par l’Institut de veille sanitaire, l’INVS. Je ne vois pas en quoi cette décision permet la protection des adolescents et des jeunes adultes des risques qu’ils encourent. En négligeant le principe de précaution pourtant inscrit dans la Constitution, le Gouvernement prend là, madame la ministre, une très lourde responsabilité.

Cet exemple tendrait à prouver que le Gouvernement est prêt à sacrifier la lutte contre certaines addictions, en l’occurrence l’alcool, lorsque certains intérêts économiques sont en jeu. Ce n’est peut-être pas nouveau, me répondrez-vous, mais il y avait là l’occasion de conduire une politique de rupture avec le passé que vous ne semblez malheureusement pas vouloir saisir.

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