Toutefois, si certaines mesures d’interdiction peuvent être bénéfiques à court et à moyen terme, nous devons nous assurer, comme pour le tabac dont je prenais l’exemple il y a un instant, qu’elles suscitent une démarche volontaire et librement assumée.
Les professionnels de santé et les chercheurs connaissent parfaitement les effets pervers et contre-productifs que peut induire toute politique régie par le seul principe de la crainte.
Ainsi, une politique de prévention bien pensée doit, à mes yeux, ne jamais oublier sa finalité éducative. Les mesures paternalistes, les messages culpabilisateurs contribuent bien plus souvent à déresponsabiliser ceux qu’ils visent, dès lors, notamment, qu’ils s’adressent à des jeunes, qu’il faut encourager à prendre en main leur santé, de manière responsable.
Ces jeunes – nombre d’entre vous l’ont souligné, mesdames, messieurs les sénateurs –, se perçoivent eux-mêmes comme appartenant à un groupe spécifique, à partir du moment où ils refusent d’être considérés comme des enfants, c’est-à-dire comme des êtres dont l’insuffisante maturité exige que leur soit dictée de l’extérieur la loi devant régir leur comportement.
Dès lors, la politique de santé en direction des jeunes doit nécessairement en appeler à leur sens de la responsabilité. L’entrée dans la jeunesse implique des modifications comportementales – en particulier, l’organisation de son emploi du temps de manière plus autonome ou moins surveillée –, et l’adoption de pratiques conviviales nouvelles – tout simplement, pour beaucoup d’entre eux, la possibilité de faire la fête sans la présence des parents.
La politique de la jeunesse possède ainsi cette particularité de s’adresser à un public qui, sans s’être nécessairement émancipé de la sphère familiale, peut déterminer ses choix de manière autonome et attend qu’on l’y invite.
Dès lors, quelle politique de santé conduire à l’égard de ce public ? Il faut d’abord répondre aux besoins d’une population hétérogène, qui rejette toute définition réifiante, et encore moins stigmatisante.
Il faut battre en brèche un certain nombre de préjugés qui sont bien souvent le produit de nos propres projections. La politique de la jeunesse procède ainsi d’une politique de la vie, qui se conçoit d’abord comme un combat pour la liberté. Sauver des vies et émanciper : telles sont donc les deux missions cardinales de ma politique de santé publique en matière d’addiction.
La répression, je l’ai souligné, peut contribuer à réduire l’offre, ce qui tend à diminuer la consommation, mais la lutte contre l’addiction ne saurait se résumer à l’instauration d’interdits.
Ajouter un volet préventif à la dimension répressive ne suffit pas, toutefois, à constituer une politique complète, globale et qui permette de diminuer les risques inhérents à l’addiction. Lorsque la dépendance est installée, il faut en effet savoir prendre les mesures susceptibles de réduire les risques induits par toute pratique addictive.
Le pragmatisme est ici le maître mot d’une politique de santé responsable. C’est ce pragmatisme qui a conduit Michèle Barzach, vous vous en souvenez, mesdames, messieurs les sénateurs, à autoriser la mise en vente libre de seringues à l’usage des toxicomanes. Ce choix courageux, …