Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mon rappel au règlement se fonde sur l'article 36.
La liberté d'expression des parlementaires est l'une des conquêtes fondamentales de la démocratie.
Elle s'accompagne de l'irresponsabilité pour les propos tenus au Parlement. Elle ne protège pas les propos tenus dans la presse, auxquels le droit commun s'applique.
Cette liberté d'expression, qui nous est chère, trouve sa limite naturelle dans le respect que nous devons avoir les uns envers les autres, au-delà de nos différences d'opinions politiques.
Disqualifier la pensée d'un adversaire conduit à une pente dangereuse qui peut aboutir au déni du pluralisme.
L'un de nos collègues, par ailleurs chef d'entreprise, patron d'une société d'armement et de sociétés de presse, considère que la presse, et sans doute d'abord la sienne, « sa » presse, doit « propager des idées saines », ajoutant que « les idées de gauche ne sont pas des idées saines ».
Cette manière de considérer le débat politique est-elle saine ?
Un sénateur de la République, qui semble dire tout haut ce que la majorité UMP pense tout bas, est-il encore capable d'accepter l'existence d'une opposition ?
C'est la question légitime que les sénateurs de gauche, qui ne sont sans doute pas « sains » selon cette vision si particulière de la démocratie, posent à la majorité sénatoriale.