Intervention de Rémy Pointereau

Réunion du 13 février 2007 à 10h00
Pôles de compétitivité et pôles d'excellence rurale — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de Rémy PointereauRémy Pointereau :

Je reviendrai sur l'évolution du zonage recherche et développement et sur le pôle « Céramique ».

Monsieur le ministre, au regard des premiers retours d'expérience sur des pôles qui ont commencé de fonctionner voilà maintenant un peu plus d'un an, je souhaiterais savoir s'il ne serait pas envisageable de faire évoluer le périmètre géographique de ces pôles.

J'attire plus particulièrement votre attention sur les entreprises du Cher qui n'ont été pas retenues dans le périmètre du pôle « Céramique » alors qu'elles auraient naturellement vocation à y être intégrées. J'avais d'ailleurs, au début de l'année 2006, interrogé à ce sujet votre collègue Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, qui partage avec vous l'essentiel de la compétence en la matière. Le zonage retenu en matière de recherche et développement ne me paraît pas satisfaisant sur un strict plan économique et logique puisque, limité aux bassins d'emploi spécifiques de Vierzon et de Mehun-sur-Yèvre, il revient à maintenir à l'écart un certain nombre d'entreprises et à laisser de côté des activités analogues situées dans l'ensemble du territoire du Cher et intéressées par ce pôle ou susceptibles de l'être.

Il serait à mon sens plus logique, et les acteurs économiques concernés partagent ce point de vue, de créer un axe homogène pour le sud de la région Centre, très bien placé entre Paris et Limoges, afin d'y créer un ensemble pluridisciplinaire regroupant tous les secteurs de l'activité de la céramique, que ce soient les arts de la table avec la porcelaine, le sanitaire, la céramique technique, la faïence ou la poterie, et intégrant en outre, au minimum, Bourges et la région de Saint-Amand-Montrond ; y sont en effet établies des sociétés très performantes qui, de ce fait, auraient vocation naturelle à intégrer ce pôle. Pourriez-vous, monsieur le ministre, me fournir des éclairages sur ce point ?

Il est indispensable que des territoires plus défavorisés soient inclus dans le zonage, à la condition, bien entendu, que les acteurs économiques qu'ils abritent soient en mesure d'y prétendre ; mais tel est le cas en l'occurrence !

Plus généralement, si l'association du département aux pôles « Céramique », « ViaMéca » et « Sciences et techniques de l'énergie électrique » est bien sûr positive, les retombées en sont difficiles à percevoir, car elles sont seulement indirectes. En particulier, je voudrais savoir s'il est possible de connaître l'évaluation économique de ces pôles : les aides distribuées, la recherche développement mise en place et les emplois créés.

Pour ce qui est du nouvel appel d'offres, d'ici au 31 mars 2007, d'ici à quelques semaines donc, une nouvelle série de projets seront labellisés « pôles de compétitivité », et l'on ne peut que s'en réjouir. Dans ce contexte, je souhaitais évoquer brièvement un projet auquel je suis très attaché : il s'agit d'un pôle « Environnement », porté dans le Cher par le groupe Bartin Recycling, dont l'objet est spécifique à mon département et à ses voisins du fait de leur histoire économique : il s'agit de démanteler et de retraiter des avions à Châteauroux, en partenariat avec la société Europe Aviation, ainsi que des véhicules automobiles à Bourges et à Romorantin, avec Matra, et de traiter des déchets électriques et électroniques à proximité de Vierzon, le groupe Bartin étant le premier opérateur français dans ce domaine. Pourrait ainsi se développer ce que l'on appelle une « écofilière » de démantèlement dans la région Centre qui intéresserait trois départements : Indre, Loir-et-Cher et Cher. Par ailleurs, ces activités sont fortement susceptibles de favoriser l'émergence de structures prolongeant et transformant le processus de traitement et recyclage de déchets industriels dans un jeu gagnant-gagnant en termes d'environnement.

Un tel projet innovant, dans ce secteur porteur qu'est l'environnement - sujet qui est évoqué quotidiennement ! -, donnerait un souffle économique précieux à notre territoire, qui souffre de son enclavement géographique et d'une baisse démographique. Ce pôle de compétitivité nouveau serait ainsi l'exacte illustration de la double vocation de cette politique : croissance et aménagement du territoire, et s'inscrirait dans la problématique de l'environnement.

Je ne reviendrai pas sur les pôles d'excellence rurale, que M. Emorine a évoqués à l'instant. Cette politique, qui me paraît très bonne, va donner un coup d'accélérateur à des projets plus modestes que ceux des pôles de compétitivité, mais qui sont indispensables pour les territoires ruraux fragiles : ils sont dans une certaine mesure le prolongement des pôles de compétitivité, leurs « petits frères » en quelque sorte.

Monsieur le ministre, je conclurai en soulignant l'importance d'une politique de ce type pour l'économie de notre pays. Elle donne un vrai sens à l'intervention publique, qui soutient l'initiative, qui distingue l'innovation, qui est mobilisatrice et créatrice de richesses et d'emplois. Le volontarisme du Gouvernement doit être salué.

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