La commission a pris la précaution de supprimer le mot « ethnoculturelle » du projet de loi. Il faut continuer dans cette direction.
La lutte contre le racisme se heurte souvent à l’ambiguïté de l’utilisation du mot « race », alors que l’on veut précisément combattre ce concept. Je vous propose donc de lui substituer le terme « origine ».
Il est évident que les rédacteurs du texte de la loi ne sont pas malintentionnés. Ils sont sans doute, comme tous les démocrates qui sont ici, nourris de l’horreur des génocides et des camps. Leur motivation vient probablement de textes européens qui, par le jeu des traductions, il faut le répéter, mentionnent le mot « race ».
Mais nous sommes au xxie siècle et nous parlons de la télévision du xxie siècle. Nous savons que les races n’existent pas. Des critères tels que la couleur de la peau, les cheveux, les tailles, les hauteurs de pommettes sont infinis, mélangés avec des gradients réguliers. Ni les observations de la génétique ni ces considérations morphologiques ne définissent de groupes humains homogènes.
Ceux qui croyaient au mot « race » bien avant la Seconde guerre mondiale ont, en défendant ce concept, énoncé des horreurs. Je vous citerai simplement deux exemples.
La trisomie 21 est, on le sait, également connue sous le nom de syndrome de Down. Ce que l’on sait moins, c’est que John Langdon Down, médecin britannique, avait publié en 1886 un article intitulé Observations sur une classification ethnique des idiots, dans lequel il écrivait : j’ai été en mesure de remarquer, parmi le grand nombre d’idiots et d’imbéciles qui relèvent de mon observation psychiatrique, qu’une grande partie d’entre eux peut être assimilée à l’une des grandes races autres que la race blanche dont ils ont surgi. C’est ainsi qu’il mit au point le premier classement des handicapés mentaux : éthiopiens, malaisiens, mongoliens. Seul ce dernier terme a longtemps survécu.