Intervention de Serge Lagauche

Réunion du 16 janvier 2009 à 15h00
Communication audiovisuelle — Article 46

Photo de Serge LagaucheSerge Lagauche :

Nous arrivons au dernier gros cadeau fait aux opérateurs privés : l’autorisation de procéder à la seconde coupure publicitaire. Depuis le temps que M6 et TF1 la réclamaient !

À quand la troisième coupure qui permettra aux téléspectateurs de visionner de la publicité coupée par un extrait de film ?

Cette seconde coupure est en quelque sorte une « mesure d’accompagnement » de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Il fallait bien faire de la place aux parts supplémentaires de marché que les opérateurs privés vont capter du fait de cette suppression.

Je rappelle que ce cadeau sera complété par le décret relatif à l’allongement de la durée de la publicité sur les chaînes privées transposant certaines dispositions de la directive européenne Services de médias audiovisuels, qui autorisera les chaînes privées à passer de six à neuf minutes d’écrans publicitaires par heure moyenne et à diffuser davantage de publicité.

Le Sénat vient également d’autoriser le passage de l’heure glissante à l’heure d’horloge, solution beaucoup plus avantageuse, car permettant de diffuser dix-huit minutes de publicité à certaines heures...

Selon une étude récente, le seul passage à l’heure d’horloge, en dehors de l’allongement du temps de diffusion de la publicité, permettra à TF1 d’engranger une centaine de millions d’euros supplémentaires de recettes publicitaires.

Ainsi, les œuvres cinématographiques pourront être coupées par des tunnels publicitaires. Seuls les services de télévision de cinéma seront interdits de coupure publicitaire. Préalablement, les services cryptés ne pouvaient pas diffuser des messages publicitaires pendant la diffusion de leurs films. Désormais, le groupe Canal Plus pourra insérer des coupures publicitaires lors de la diffusion des films et œuvres audiovisuelles sur Canal Plus ; seules ses chaînes cinéma ne bénéficieront pas de cette possibilité. Le père Noël, dans sa hotte publicitaire, avait des cadeaux pour tout le monde...

L’autorisation de procéder à la seconde coupure ne répond qu’à des exigences commerciales ; elle ne prend aucunement en compte les demandes des téléspectateurs désireux de visionner des programmes de qualité et non de se faire abreuver de messages les concernant souvent peu ou prou. Outre l’élargissement du champ du parrainage et le placement de produits, ils vont devoir subir la seconde coupure !

Il n’est d’ailleurs pas certain que les chaînes privées ne pâtissent pas de leur caprice. En effet, depuis le 5 janvier dernier, date de la suppression effective – mais non légale – de la publicité sur les chaînes publiques, on a déjà constaté un très fort zapping des téléspectateurs des chaînes privées vers les chaînes publiques, au moment de l’interruption des programmes par des tunnels publicitaires.

Pour toutes ces raisons, nous demandons la suppression de l’article 46.

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