Dans un tel contexte, 720 millions d’euros étaient initialement prévus afin d’accroître la demande de véhicules et de restructurer la filière dans le sens d’une plus grande compétitivité et d’un meilleur respect de l’environnement.
Ces premiers engagements sont vite apparus insuffisants et, hier, lors des États généraux de l’automobile, le Premier ministre François Fillon s’est engagé, après avoir rappelé le financement des filiales bancaires de Renault et de PSA à hauteur de 500 millions d’euros chacune, à assouplir les conditions d’accès de ces filiales bancaires au dispositif de refinancement public.
Il a également confirmé que le fonds d’investissement sectoriel automobile de 300 millions d’euros commencerait à intervenir concrètement dès la fin du mois.
Enfin, le Premier ministre a prévu, pour restructurer le secteur à plus long terme, de nouvelles mesures qui feront l’objet d’un plan détaillé au début du mois de février prochain. L’ensemble des aides de l’État devrait ainsi atteindre un montant de 5 à 6 milliards d’euros.
Non seulement cette aide considérable en termes de deniers publics est compréhensible, mais elle s’inscrit aussi dans le droit-fil de la politique de sauvetage par le Gouvernement d’un pan fondamental de notre économie.
Dès à présent, le Gouvernement a mobilisé la plupart des leviers d’action à sa disposition. Mais il va falloir aller plus loin. Notre défi est de donner un avenir véritable et solide à la filière automobile, en conservant le savoir-faire français, en dopant le secteur de la recherche et du développement et en anticipant les évolutions de cette filière.
La charte automobile signée l’été dernier entre les représentants du secteur, les entreprises et l’État demeure un bon outil. Il faut désormais la décliner au plus proche du terrain.
Si ce soutien est pleinement justifié, il ne saurait cependant se concevoir sans un effort tout aussi considérable de la filière elle-même. Trois objectifs me semblent devoir être atteints par ce secteur industriel, en contrepartie des aides publiques fournies.
Premièrement, il est absolument indispensable que la filière revienne pour l’essentiel sur sa politique de délocalisation et investisse au maximum sur le territoire national pour, d’une part, conserver un outil industriel performant dans notre pays et, d’autre part, offrir le plus grand nombre d’emplois à nos compatriotes.
Deuxièmement, à l’instar de ce que l’on a pu constater dans certains pays du nord de l’Europe, la recherche et le développement doivent, malgré la crise, bénéficier de crédits suffisants pour préserver tant notre haut niveau technologique actuel que notre place éminente au niveau mondial, en dépit d’une concurrence exacerbée.
Troisièmement, il faut vivre avec son temps. Il n’est pas sûr que la filière ait totalement appréhendé les modifications substantielles de la demande et des attentes des clients. Il faut recréer un nouvel imaginaire en phase avec une société qui s’engage dans une révolution verte. La « voiture de papa », c’est fini !
La sensibilité environnementale de notre population et son besoin de sécurité, tout comme la nécessité pour les véhicules de s’adapter au handicap et à l’âge, ont modifié la donne. La place de la voiture dans la société a changé. Il faut donc résolument s’engager dans la voiture de demain avant qu’il ne soit trop tard. Depuis plusieurs décennies, les consommateurs entendent parler de piles à combustible, de véhicules électriques et à hydrogène, ou encore de voitures non polluantes. Toutefois, bien que des progrès considérables aient été réalisés dans ce domaine, la rupture ne s’est toujours pas produite à ce jour.
Un plan de soutien au développement du véhicule « décarboné », doté de 400 millions d’euros pour la recherche sur quatre ans, a été élaboré par le Gouvernement. La réforme du crédit d’impôt recherche a multiplié par trois l’effort public destiné à la recherche et au développement menés par les entreprises privées. De même, les pôles de compétitivité ont permis de faire évoluer les comportements en favorisant la mutualisation des efforts de recherche. Les premières briques du plan sont donc d’ores et déjà posées.
Les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités. Les industriels doivent maintenant saisir les opportunités qui s’ouvrent à eux, et nous devons leur faire confiance. L’intérêt national est en jeu !
Je conclurai cette intervention en rappelant que, si la crise est là, le Gouvernement a mis en place les outils susceptibles de relancer notre économie.
Résolument combatif, je rappellerai qu’après la crise vient toujours une reprise…