Un an a passé, je n’ai pas encore vu l’ombre d’un tunnelier. Le débat public s’achève à peine ; nous en attendons les conclusions. Le tracé vient juste d’être arrêté pour une grande part, tandis que les contrats de développement territorial, véritables symboles et cœur du projet de loi, n’ont toujours pas fait l’objet du décret d’application qui leur permettrait d’émerger.
On a confondu vitesse et précipitation, estimant que le Grand Paris pourrait servir de levier électoral. Il fallait donner vie à un projet pour gagner le cœur des Franciliens. Force est de constater que ces mêmes Franciliens ne furent guère convaincus !
La région capitale est un territoire à part dans notre pays. Elle mérite bien évidemment une attention particulière de la part de l’État, car elle joue un rôle spécifique. La « métropolisation » va de pair avec l’essor de la globalisation et donne de plus en plus d’importance à certaines villes, qui concentrent richesses et opportunités à l’échelle mondiale et cherchent à attirer toujours plus d’investisseurs et de talents afin de conserver leur rang.
Se nouent ainsi des relations étranges de concurrence et de complémentarité entre des villes de taille similaire. Des travaux récents montrent l’émergence progressive d’un duopole Londres-Paris fondé sur des spécialisations différentes des deux villes. Au passage, une telle analyse va à l’encontre des discours d’un secrétaire d’État au Grand Paris qui comparait le taux de croissance de Londres et celui de Paris sans comprendre que les deux sont de plus en plus liés et interdépendants.
Dans ce contexte de compétition-coopération accrue entre grandes métropoles à l’échelle mondiale, il est heureux que l’État cherche à investir pour renforcer le poids de l’Île-de-France. C’est le moins que l’on puisse attendre. Nous sommes tous convaincus ici qu’un tel renforcement est nécessaire, mais il ne doit pas prendre la forme d’un projet ex nihilo qui conduirait à nier les acquis de trois décennies de décentralisation. L’action de l’État serait alors contre-productive, puisqu’elle entraînerait blocages, pertes d’énergie et de temps.
Nous estimions l’an passé que le Grand Paris ne pourrait se faire sans les collectivités locales, au premier rang desquelles la région d’Île-de-France. Les faits nous ont donné raison.
Notre collègue Nicole Bricq l’a rappelé à juste titre, il a fallu un an de discussions et de négociations pour que le texte que nous avions examiné au pas de course fasse finalement l’objet d’un consensus entre les différents acteurs concernés.
Comme vous tous, je tiens à saluer le protocole d’accord signé le 26 janvier 2011 entre la région d’Île-de-France et l’État. Les discussions dépassionnées, où seul était pris en compte l’intérêt général, ont ainsi permis de mettre un terme à un an d’errements.
Je rends hommage au travail que vous avez effectué, monsieur le ministre, avec le président de la région d’Île-de-France, Jean-Paul Huchon. Cet accord a pu être obtenu entre personnes responsables et pragmatiques. Vous avez su trouver les voies de la raison, monsieur le ministre, c’est bien pour les Franciliens.