Monsieur le sénateur, l’éducation prioritaire a une trentaine d’années, puisque les ZEP datent des années quatre-vingt. Or je crois qu’il faut veiller à ne pas – passez-moi l’expression – jeter le bébé avec l’eau du bain : ce système fonctionne depuis trente ans et un milliard d'euros sont aujourd'hui investis dans l’éducation prioritaire, afin, comme vous l’avez justement souligné, de donner davantage aux élèves qui ont plus de besoins.
Aujourd'hui, les réseaux ambition réussite rassemblent environ deux cent cinquante collèges de notre pays, qui sont situés dans des zones particulièrement sensibles.
Il est d'ailleurs intéressant de constater que, aux termes de l’évaluation réalisée en 2010, le niveau d’obtention du brevet dans les réseaux ambition réussite a plutôt augmenté par rapport aux données dont nous disposions antérieurement, même si des difficultés subsistent dans ces collèges pour l’apprentissage des fondamentaux, notamment du français.
Comment pouvons-nous faire évoluer ce dispositif ?
Premièrement, il est important, me semble-t-il, que nous développions une vision globale de l’éducation prioritaire, des contrats urbains de cohésion sociale, de la politique de la ville et de la carte scolaire. Ces quatre dispositifs doivent être coordonnés, pour qu’ils puissent avancer de manière globale.
Le Premier ministre a indiqué qu’il décalait à 2011 la révision de la carte de la politique de la ville. Il me semble que l’éducation prioritaire doit être traitée dans le cadre de cette réflexion.
Deuxièmement, comme vous l’avez rappelé, monsieur le sénateur, nous avons expérimenté lors de la dernière rentrée un nouveau dispositif « collèges, lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite », dit CLAIR, dans cent cinq collèges et lycées. Ce dispositif est destiné aux établissements qui ont à la fois des élèves en difficulté scolaire, un recrutement d’élèves issus de populations défavorisés et, parfois, des problèmes en matière de sécurité. Il s’agit de leur accorder davantage d’autonomie en matière de pédagogie, de recrutement et de vie scolaire.
Ce programme, qui, je le répète, est une expérimentation, n’a pas a priori vocation à se substituer à toute l’éducation prioritaire. Nous en dresserons le bilan, nous l’évaluerons et nous réfléchirons à la façon de coordonner les différents dispositifs qui, à ce stade, méritent d’être clarifiés.