Évidemment, pour en revenir au sommet avec les États-Unis et à l’avenir de l’OTAN, c’est problématique du point de vue américain. Bien sûr, les institutions sont complexes. Cependant, j’entends dire en coulisse, ce qui n’est pas très agréable, que l’administration Obama ne fait pas preuve d’une grande patience pour savoir qui préside quoi. Du côté américain, on s’interroge également sur le poids géopolitique de l’Europe en cas de crise. Quel est l’apport de l’Europe, hormis les contingents isolés fournis par les Français, les Britanniques et quelques autres ?
Pour l’instant, nous sommes en train de bâtir, comme je l’ai dit, un service diplomatique. Aucun instrument de défense digne de ce nom n’est encore prévu, ce qui constitue, vous avez raison de le souligner, monsieur Aymeri de Montesquiou, un véritable problème.
Pour conclure, je dirai que l’Europe ne peut pas simplement s’installer dans le rôle de banquier du Proche-Orient, de « voyeur » de crise et, au mieux, d’ONG humanitaire qui dit le droit et distribue de l’argent. Si tel est le devenir stratégique de l’Europe, les historiens seront extrêmement sévères sur les gouvernants européens qui auront laissé s’installer une telle évolution.
Pour cette raison, il est, selon moi, de notre devoir, en tant que Français, de porter sans cesse le flambeau d’une Europe capable de défendre ses intérêts. C’est ce que nous faisons, c’est ce que nous n’avons cessé de faire sous tous les gouvernements depuis l’impulsion donnée par le général de Gaulle, et c’est ce que nous continuerons à faire.