Monsieur Yung, je commencerai par répondre à votre deuxième question. Oui, nous sommes en train d’organiser la convergence fiscale, car nous sommes convaincus que la gouvernance passe aussi par là. Dans ce but, nous avons demandé à M. Didier Migaud de faire des propositions. Une telle évolution pourra-t-elle concerner les Vingt-Sept ? C’est une autre histoire ! Pour le moment, une « mise en sympathie », si j’ose dire, de nos systèmes avec notre principal partenaire ne serait déjà pas si mal.
J’en viens à votre première question. Nous avons rencontré les Britanniques dimanche soir, puis lundi matin à Luxembourg. Par ailleurs, le sommet franco-britannique du 2 novembre prochain est activement préparé, notamment par Jean-David Levitte, qui était aujourd’hui à Londres.
Très franchement, concernant l’accord de Deauville, peut-on vraiment parler d’amertume en ce qui les concerne ? Certes, ils sont dans une situation inconfortable, dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes. C’est toujours la même histoire du monsieur qui a un pied dedans et un pied dehors ! Ils ne veulent absolument pas être concernés par les disciplines de la zone monétaire, alors qu’ils adoptent pourtant les mêmes analyses !
Il est d’ailleurs assez drôle d’entendre un certain nombre de mes amis conservateurs britanniques : je crois entendre Jean-Pierre Chevènement et des « nonistes » français. Pour eux, pas question d’accepter les disciplines communes : ils préfèrent conserver leur livre sterling et rester à l’extérieur !
En même temps, les Britanniques savent bien qu’ils ont un pied dans la zone euro. Ils le reconnaissent même publiquement et officiellement : il n’est qu’à lire leurs déclarations ministérielles ! Ils ont conscience que leurs intérêts nationaux sont liés aux décisions que nous sommes appelés à prendre et sur lesquelles, d’ailleurs, ils ne manquent pas de nous interroger.
Cela étant, au printemps dernier, les Britanniques ont refusé d’adhérer au dispositif de garantie de la zone euro et de se plier aux disciplines y afférentes. Certes, il appartiendra au peuple britannique de se prononcer sur ce choix, mais, honnêtement, je ne peux m’empêcher de considérer que cette attitude « à la fin de la journée », comme on dit là-bas, est probablement la pire des solutions : ne disposant ni d’une souveraineté totale ni des moyens de peser sur les événements afin d’en éviter les conséquences, les Britanniques risquent bien d’être les grands perdants.
Le Royaume-Uni n’est pas la Norvège, laquelle, en raison de sa taille, de sa position géographique excentrée et de ses immenses réserves de gaz, peut parvenir à un équilibre différent. Si nos voisins britanniques, dont l’économie est très imbriquée à celle du continent, veulent que leur pays reste au cœur des marchés financiers, leur position deviendra vite difficilement tenable.
Encore une fois, il ne m’appartient pas de dire à nos amis d’outre-Manche ce qu’ils doivent faire. Je constate simplement que leur positionnement les exclut de facto du bénéfice des décisions que viennent de prendre la France et l’Allemagne.