Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 26 octobre 2010 à 14h30
Débat préalable au conseil européen des 28 et 29 octobre 2010 — Débat interactif et spontané

Pierre Lellouche, secrétaire d'État :

Monsieur le sénateur, ces deux questions sont tout à fait pertinentes, mais, ne disposant pas de tous les éléments me permettant d’y répondre, je préfère ne pas le faire avant le Conseil européen.

Pour en avoir discuté en privé avec mes collègues allemands, je suis en mesure de vous dire – mais ces propos n’engagent que moi, car engager mes interlocuteurs risquerait de les mettre en difficulté – que ceux qui sont à l’origine de ce désastre financier, qui ont prêté ou acheté des dettes souveraines en sachant que les obligations étaient plus ou moins fiables ont pris des risques et en ont fait courir à tout le monde.

Pourquoi ces opérateurs privés l’ont-ils fait ? Parce qu’ils savaient que, au bout du chemin, en cas de malheur, l’État français, l’État allemand seraient là pour acheter. Et c’est précisément ce qui s’est passé !

Rappelez-vous, le printemps dernier n’a pas été une période facile. Des discussions ont eu lieu entre l’Allemagne et la Grèce et des tensions intérieures se sont fait sentir en Allemagne.

La France a été un peu épargnée. Il est vrai que nous sommes un pays curieux : quand il s’est agi de voter 20 milliards d’euros pour la Grèce, puis 111 milliards d’euros pour la zone euro, une unanimité s’est dégagée, toutes tendances confondues, à l’Assemblée nationale comme au Sénat, à l’exception de quelques rares voix dissidentes. En revanche, sur la question des retraites, le consensus n’a pas été aussi évident.

Étonnamment, en Allemagne, le débat sur la question « est-ce que je donne ma carte de crédit à la Grèce ou à d’autres pays ? » a été très âpre. Les Allemands ont été très divisés, mais, au final, le Bundestag et le Bundesrat – comme l’Assemblée nationale et le Sénat en France – ont voté ces crédits. C’est ce qui a permis de sauver la zone euro.

Les opérateurs privés peuvent-ils continuer à spéculer et à jouer sur les dettes souveraines des États membres et l’hétérogénéité de la zone euro en étant sûrs que quelqu’un paiera ? Quelle contribution faut-il leur demander ? Ce sont de vraies questions, qui se posent tant en Allemagne qu’en France.

Monsieur le sénateur, à votre première question sur les obligations communes que nous pourrions faire circuler entre la France et l’Allemagne, je dépasserais de très loin mes connaissances et mes attributions ministérielles en y répondant ce soir. Je vous recommande donc de patienter quelque peu ou de vous entretenir par exemple avec Christine Lagarde pour connaître notre orientation future dans ce domaine. Je ne peux vous apporter de réponse aujourd’hui.

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